Plus d’un millier de femmes ont été agressées sexuellement dans la nuit du 31 décembre 2015 par des groupes d’hommes, pour la plupart originaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Dix ans après, les victimes considèrent qu’elles ont été instrumentalisées et restent profondément marquées.
Nombre d’entre elles ne veulent plus parler. Cela fait bientôt dix ans que ces femmes ont été agressées sexuellement dans la nuit du 31 décembre 2015 à Cologne (Allemagne), sur la place de la gare et de la cathédrale. Un rapport de police, publié dans la foulée, a résumé les faits dans un grand tableau. « B. a tenté d’introduire son doigt dans le vagin, mais a échoué à cause des collants », « attouchements sur les fesses et l’entrejambe », « encerclée par un groupe de quinze hommes, une personne lui pince l’entrejambe », « la victime a été entourée par un groupe de cinq voyous qui l’ont encerclée et ont essayé de mettre la main sous sa jupe ».
A l’époque pourtant, les femmes ont pris la parole dans la presse, à la radio, à la télévision. Elles ont raconté cette nuit où la police a perdu le contrôle des lieux. Ces centaines d’hommes fortement alcoolisés, désinhibés et agressifs, dont il apparaîtrait plus tard qu’ils étaient principalement des réfugiés ou des clandestins venus d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ont profité de l’anonymat de la foule et de l’obscurité pour agresser les femmes qui se trouvaient là, souvent à plusieurs. Un sentiment d’abandon, aussi : les victimes ont déposé des plaintes, et puis rien, ou presque. Sur les 1 210 plaintes, dont la moitié pour agression sexuelle, une seule condamnation a été prononcée pour ce motif, selon le tribunal de grande instance. Rien, sinon un vif débat politique, qui leur a laissé l’impression que l’histoire leur avait échappé.
« Ces agressions sont restées profondément gravées dans la mémoire collective comme un exemple de “violence migratoire”, commente Andreas Zick, professeur à l’université de Bochum, spécialiste des conflits et de la violence, qui a enquêté sur les événements. Cologne est devenue le symbole de la propension des migrants à la violence et a renforcé ce préjugé, en particulier pour les jeunes hommes originaires du monde arabe et de l’Afrique. Les partis et groupes d’extrême droite aiment rappeler Cologne pour justifier leur concept de “remigration”, c’est-à-dire l’expulsion des migrants. »
[…]Le nombre d’agresseurs est d’abord estimé à 1 500 rien que pour Cologne. Les agressions sont coordonnées et commises par des groupes de 2 à 40 hommes, décrits comme nord-africains ou arabes. Les suspects sont principalement des demandeurs d’asile et des immigrés en situation illégale. Le nombre de plaintes à Cologne ne cesse de croître du 4 au 21 janvier 2016, passant de 30 le lundi 4 janvier à 1 088 le 17 février concernant plus de 1 049 victimes.






