Alors que l’extrême droite continue de s’enraciner auprès de l’opinion, la gauche paraît davantage préoccupée par le débat budgétaire et la question des primaires que par la nécessité de répondre aux questions qui taraudent les Français, la délinquance et l’immigration, analyse Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.
(..) La difficulté de la gauche à regarder en face les statistiques de l’immigration traduit une autre forme de déni. Nombre de ses responsables politiques tendent à considérer comme négligeable le fait que la part des immigrés dans la population française, restée stable dans les années 1970 à 1990, est passée de 7,3 % en 1999 à 11,3 % en 2024, que le nombre de premiers titres de séjour délivrés a doublé entre 2007 et 2024, et refusent d’admettre que cette évolution moyenne, bien plus marquée à certains endroits du pays, n’est pas sans conséquence sociale.
(…) La question ne saurait se limiter à du « racisme », elle mérite d’être prise au sérieux comme une question sociale et non identitaire. Encore faudrait-il opposer aux rugissements de l’extrême droite autre chose que des silences et des explications gênées qui ne font que la conforter. Aux Etats-Unis, l’étouffoir mis par l’administration Biden sur la question de l’immigration n’a-t-il pas contribué à nourrir l’obsession de l’opinion et à préparer le retour de flamme ultra-répressif de Donald Trump, qui vise à la fois les étrangers et la gauche ?





