Pour lutter contre la baisse de la natalité qui pèse sur le financement du régime des retraites actuel, le démographe Hervé Le Bras rappelle qu’il existe une solution miracle, bien qu’elle soit aujourd’hui décriée. Hervé Le Bras est historien, démographe et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Lors des discussions sur la réforme des retraites, plusieurs députés ont affirmé que la plus grave menace planant sur le système de répartition était la baisse de la natalité. Bientôt on compterait plus de pensionnés et moins de cotisants, sur lesquels pèserait alors une charge croissante. En fait, dans plus de vingt ans ! Le temps que le faible effectif des bébés d’aujourd’hui accède au marché de l’emploi. Les députés les plus libéraux ont alors réveillé le serpent de mer de la retraite par capitalisation. Dans ce cas, le rapport entre le nombre d’actifs et de retraités ne joue aucun rôle. Seul compte le rendement des fonds de retraite auxquels cotisent les actifs. Mais la retraite par capitalisation n’est pas neutre par rapport à la natalité, elle est en rivalité avec elle. Elever un enfant mobilise des ressources financières importantes qui pourraient être placées en vue de la retraite. Les travaux d’Antoine Math à l’Institut de recherches économiques et sociales chiffrent cette dépense à environ 650 euros par mois, une fois défalquées les aides de l’Etat. De sa naissance à l’âge de 20 ans, l’enfant coûtera en moyenne 156 000 euros à ses parents. Le chiffrage est identique dans les pays voisins. […]
Il existe pourtant un moyen de compenser en partie la faible natalité : l’immigration. Elle est tout bénéfice pour le système de répartition. Avec leurs cotisations, les immigrés ne remboursent pas leurs parents restés au pays, mais ceux des non-immigrés. Comme ils arrivent jeunes, ils n’atteindront l’âge de la retraite et de bénéficier d’une pension que dans plusieurs décennies. En outre, leur natalité étant plus élevée, leurs enfants aideront à relever le niveau des pensions. Solution presque miraculeuse sur le papier, mais refusée par la population.






