Pendant plus d’une semaine, la Fondation Jean-Jaurès a soumis un questionnaire aux militants de Bloquons tout. 69 % d’entre eux déclarent avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2022, seuls 3 % des sondés assurent avoir voté pour Marine Le Pen et 1 % pour Éric Zemmour.
Si le mot d’ordre est apparu sur le compte des Essentiels, un collectif qui prône une « France souveraine » et défend le Frexit, le mouvement a rapidement échappé à ses initiateurs et il est aujourd’hui porté par « un électorat plutôt marqué à la gauche radicale », relève le chercheur en sciences sociales.
Une étude sociologique plus poussée permet d’imaginer le fameux profil type de ce militant qui rêve du grand soir, le 10 septembre : un jeune homme, très politisé, surdiplômé et habitant une petite ville, de 2 000 à 20 000 habitants.
Tout semble, de fait, distinguer les membres du mouvement du 10 septembre de ceux qui occupaient les ronds-points en 2018 : une forte homogénéité politique, là où les Gilets jaunes étaient marqués par leur hétérogénéité, des individus très politisés et une surreprésentation de catégories socioprofessionnelles plutôt aisées. Alors que les Gilets jaunes manifestaient une forte méfiance vis-à-vis de la politique et des structures partisanes, 71 % des répondants déclarent s’intéresser « beaucoup » à la politique, contre seulement 19 % de l’ensemble de la population.
Si l’on doute encore de l’orientation politique des militants de Bloquons tout, il suffit de jeter un œil à leurs principales préoccupations. Tandis que la question du pouvoir d’achat prédomine dans toutes les enquêtes réalisées à l’échelle de l’ensemble de la population, elle n’arrive ici qu’en troisième position (31 %), derrière la montée des inégalités sociales (54 %) et la protection de l’environnement (43 %). « Sur le plan économique, 91 % d’entre eux estiment que « pour établir la justice sociale, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres », ajoute l’auteur de la note.