Finie l’exception parisienne. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau – fraîchement élu à la tête du parti Les Républicains – a annoncé lors du journal télévisé de TF1 dimanche soir qu’il allait faire évoluer les règles qui s’appliquent face aux conducteurs refusant d’obtempérer aux injonctions des forces de l’ordre. «Dans 48 heures, j’enverrai à toutes nos forces de l’ordre une nouvelle instruction qui va leur permettre de poursuivre ces personnes qui (…) mettent en danger la vie de beaucoup de Français», a-t-il annoncé. Jusqu’ici, les courses-poursuites n’étaient autorisées par principe qu’à Paris, depuis une note rédigée en 2020 par l’ancien préfet de police de la capitale, Didier Lallement
Sur le reste du territoire, jusqu’ici, les équipages de police devaient limiter les courses-poursuites aux «faits de grande gravité», comme «la traque d’un auteur de crime de sang». Bruno Retailleau a ordonné aux préfets leur généralisation à tous les fuyards.
Le Figaro s’est procuré ce lundi cette instruction, qui est sur le point d’être envoyée à l’ensemble des préfets de France. Cette note «vient notamment affirmer le principe général de la poursuite des véhicules en fuite s’étant soustrait aux injonctions de s’arrêter, mentionne les règles d’engagement, de sécurité et de discernement qui doivent être strictement observées, et rappelle les conditions d’usage de l’arme de service dans ces situations», peut-on lire.
Cette instruction vise à «harmoniser la prise en compte opérationnelle de ces infractions sur l’ensemble du territoire», a avancé Bruno Retailleau, alors que les forces de sécurité ont dénombré 24.900 refus d’obtempérer au cours de l’année 2024. La majorité d’entre eux ont été commis par des hommes, en défaut de permis ou d’assurance, ou sous l’emprise de l’alcool ou des stupéfiants. […]
Si l’instruction de Bruno Retailleau rend la course-poursuite plus simple pour les agents de police, elle doit toutefois respecter un certain nombre d’engagements, comme le «déclenchement obligatoire de la caméra-piéton ou de tout autre moyen vidéo», «l’activation systématique des dispositifs de géolocalisation des véhicules» de police, la tenue d’un «compte rendu immédiat, précis et régulier à la salle de commandement», et un «usage de l’arme de service» qui «se fait exclusivement dans les cadres définis par la légitime défense». Des garde-fous qui n’empêchent pas une levée de boucliers, notamment au sein des rangs de la France insoumise. […]