Ils crient « du shit, du shit », en pleine journée, installés sur des chaises devant la porte d’entrée. Dans le quartier de Belsunce, à deux pas du Vieux-Port, à Marseille (Bouches-du-Rhône), voilà un an qu’une propriétaire voit son immeuble perdre ses locataires les uns après les autres. Cinq départs en huit mois. Tous pour la même raison : un point de deal, qui s’est glissé au pied de l’immeuble et ne l’a plus quitté. Une plainte a été déposée.
« C’est comme à la Castellane (une des cités des quartiers nord de la ville). Sauf qu’on est à vingt mètres de la Canebière. » […] Le plus absurde, selon elle ? La proximité avec deux commissariats. Celui de Noailles d’un côté, celui de la Canebière de l’autre. « À peine la police approche-t-elle que les guetteurs hurlent Yanis ! Yanis ! et tout le monde se disperse. Deux minutes plus tard, tout recommence. » […]
Mais, dans l’immeuble, le trafic continue. Et l’usure gagne. « Trente ans qu’on est là. Trente ans qu’on entretient cet immeuble, qu’on le rénove. J’ai l’impression qu’ils ont gagné, ce sentiment d’impuissance et d’impunité de leurs côtés est horrible, injuste », conclut la propriétaire, qui pense à vendre. […]