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L’ accès de certaines cités des quartiers Nord de Marseille peut être totalement soumis à des contrôles imposés par des narcotrafiquants devenus maîtres des lieux. En plus de leur propre trafic de drogue, ils en régulent un autre. Celui des allées et venues. Certains services publics y sont directement confrontés. Celle des facteurs en fait partie.

On ne fait pas ce métier pour mourir sous les balles.” Lorsqu’on signe un contrat pour exercer la profession de facteur, ce n’est pas du tout la première réaction qui vient à l’esprit. Sauf quand on officie dans l’une des cités des quartiers Nord. Parce que là, en effet, le risque est bien réel.

À chaque fois, on ne peut pas s’empêcher de penser à ça, dit l’un d’eux, car lorsqu’on distribue le courrier dans un hall d’immeuble, on n’est pas à l’abri de recevoir une balle perdue si on doit se retrouver au milieu d’une fusillade à l’encontre de jeunes postés là.”

Être facteur dans l’une de ces cités, c’est ça. C’est faire sa tournée et assurer un vrai service à la personne avec une certaine appréhension. À un horaire précis aussi. Car il n’est pas rare d’y respecter le timing dicté par les dealers.

C’est comme ça, relaye-t-on, il faut avoir quitté les lieux avant le début de la matinée.” Le temps et l’espace doivent, ensuite, appartenir à nouveau à une tout autre activité. À partir d’une telle heure, les points de deal se remettent en place. Les guetteurs de même. Il ne faut surtout pas gêner le “commerce”. Et encore, faire son job de facteur équivaut pratiquement à un privilège que les narcotrafiquants vous octroient. Comme si entrer ou non dans tel ou tel quartier s’apparentait à franchir une frontière dans le respect d’une loi locale. Sous contrôle. Ne pénètre pas ici qui veut. Pour être accepté, il faut montrer patte blanche, comme on le dit communément. En l’occurrence, on est au-delà d’une simple expression formulée à la manière d’un bon mot.

(…)

Au fil du temps, une fois repéré et identifié, on nous reconnaît et on peut travailler sans problème, parvient à nuancer ce facteur. On nous laisse tranquille.” Sous haute surveillance.

La Provence

(Merci à Tara King)

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