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Un sondage Ifop donnant Marine Le Pen en tête au second tour de l’élection présidentielle face à Gabriel Attal (51 %), la formation d’un « gouvernement de combat » dirigé par l’ancien ministre de l’Éducation pour rivaliser avec le RN lors du scrutin européen… Plus que jamais, l’actualité politique semble tourner autour de la progression apparemment irrésistible du parti fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen. Aquilino Morelle, l’ancien conseiller de François Hollande estime que la candidate du RN, marine Le Pen  est aux portes de l’Élysée et dresse les contours d’un hypothétique sursaut.

Pour bien saisir ce phénomène, il faut revenir quelque peu en arrière dans le temps. Lors des élections présidentielles de 2017 et de 2022, contrairement au battage alors fait, la victoire de Marine Le Pen était en réalité impossible. Le « front républicain » était encore efficace, une forme d’interdit moral pesait sur les électeurs, et la candidate était considérée comme « n’étant pas au niveau ». Un tournant politique s’est opéré en 2022, au moment des législatives de juin, un mois après la difficile réélection d’Emmanuel Macron.

Quel tournant ?

Après avoir obtenu 13 288 686 voix au second tour de la présidentielle, soit trois fois le score de son père lors du choc du 21 avril 2002 (4 804 772 voix), et soixante-dix fois celui du même en 1974, 190 921 suffrages), une première performance, Marine Le Pen a réussi à faire élire 89 députés RN. Ce résultat a fait du RN le deuxième parti de l’Assemblée nationale et représente plus deux fois et demie le résultat atteint à la proportionnelle par le FN en 1986 (35 députés). Or, et c’est là un point essentiel, ce score a été atteint cette fois-ci au scrutin majoritaire, un mode de scrutin conçu non seulement pour dégager des majorités à l’Assemblée nationale, mais, ce faisant, pour permettre également d’isoler ou de cantonner les partis jugés extrémistes. […]

Emmanuel Macron semble chercher à renouer avec le sarkozysme, pourtant vaincu à l’élection présidentielle de 2012 puis lors de la primaire de 2016. Pourquoi ?

Peut-être parce qu’il a une mémoire moins courte que la vôtre… Peut-être se rappelle-t-il que Nicolas Sarkozy a été le seul candidat à parvenir à faire reculer le FN, incarné en l’occurrence par Jean-Marie Le Pen, à l’élection présidentielle, le faisant passer de 16,86 % des voix le 21 avril 2002 à 10,44 % cinq ans plus tard, en 2007. Ce résultat a été obtenu grâce un discours à la fois « social », « de gauche » (l’invocation des mânes de Jean Jaurès, la présentation comme « Français de sang-mêlé », le « travailler plus pour gagner plus »), et « identitaire », « de droite » (la défense de l’identité française). Reste que rééditer une telle performance vingt ans après, alors que l’électorat de droite est scindé entre des classes populaires ralliées au RN et des bourgeois réfugiés chez Emmanuel Macron, constituerait cette fois un véritable exploit !

Ce choix du président de la République renvoie, sans nul doute, à sa préoccupation de ne pas voir ses deux quinquennats résumés en une phrase : « le président de la Ve République qui a transmis à Marine Le Pen le code de l’arme nucléaire le 9 mai 2027 ». Car, il faut bien le saisir, aujourd’hui, seul un candidat tenant un discours à la fois social et « identitaire » – un mot réducteur, car l’identité de la France inclut aussi les questions sociales, républicaines, industrielles et agricoles – pourrait barrer la route à Marine Le Pen. En ce sens, seul un candidat adoptant une stratégie politique que l’on pourrait qualifier, pour simplifier, de « néosarkozyste » me paraît en mesure de réussir ce qui s’apparente de plus en plus à une prouesse politique et électorale. Et à condition d’agir vite, très vite, car le temps joue pour Marine Le Pen. […]

L’hypothèse la plus logique et la plus probable serait par conséquent celle d’un candidat issu soit de la droite parlementaire – Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand -, soit de ce qui restera du macronisme – Édouard Philippe, Jean Castex, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ou Rachida Dati.

Le Point (Article intégral)

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