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Embauché en septembre 2019 au Guichet unique de l’asile (Guda), Abdalla Ibrahim, Franco-Syrien âgé de 55 ans, a reconnu mercredi devant le tribunal correctionnel des interventions au profit de la communauté turque : « On sait que je suis arrangeant et que je peux intervenir », a expliqué le prévenu à la barre, appuyé sur une canne.

La fraude visait à faire échapper au couperet « Dublin », une procédure consistant à renvoyer l’examen d’une demande d’asile au pays où l’étranger a été enregistré lors de son entrée sur le territoire européen. Le dossier était alors traité par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, et le demandeur obtenait une attestation autorisant un séjour temporaire régulier.

En l’absence d’un contrôle par sa hiérarchie, Abdalla Ibrahim pouvait ne pas enregistrer sur la base Eurodac les empreintes digitales d’un demandeur déjà enregistrées ou bien faire disparaître une réponse positive de Visabio, un autre système de traitement des visas européens accordés à des étrangers. […]

Ce fonctionnaire était très apprécié de ses supérieurs. « Je parle quatre langues et la préfecture a gagné beaucoup d’argent en économisant sur le marché de l’interprétariat », a déclaré le prévenu.

Il l’avait notamment sollicitée pour un prétendu ami d’enfance dont les empreintes avaient été prises en Allemagne et qui aurait donc dû être « dubliné ». Les deux fonctionnaires l’avaient fait échapper à une prise d’empreintes tout en enregistrant sa demande. Il s’était avéré par la suite que ce Turc avait été interpellé dans les Pyrénées-Atlantiques et avait été signalé par les autorités allemandes pour des activités liées au terrorisme, ayant un « haut rang au sein du PKK ». […]

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Un ex-fonctionnaire de la préfecture des Bouches-du-Rhône, un franco-syrien, qui «arrangeait la situation» de certains demandeurs d’asile, a été condamné lundi à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis, et à une amende de 15.000 euros pour corruption et aide au séjour irrégulier. Désormais radié, était soupçonné d’aide au séjour irrégulier au profit d’une quarantaine de demandeurs d’asile, principalement turcs,, moyennant une compensation financière.

Une de ses collègues du guichet unique de demande d’asile s’est vue elle infliger 18 mois de prison, dont 14 avec sursis, pour trois interventions qu’elle avait reconnues. Les deux agents, qui ont été radiés, sont aussi frappés d’une interdiction définitive d’exercer une fonction publique. Le tribunal a condamné à des peines allant de deux à six mois de prison avec sursis les demandeurs d’asile, principalement turcs, qui avaient eu recours à Abdalla Ibrahim, le fonctionnaire corrompu qui ne manquait pas d’«exercer des pressions pour obtenir le paiement» de ses services, a relevé le tribunal.

Les juges ont mis en avant «le contexte de précarité des demandeurs» pour ne pas prononcer les peines d’emprisonnement ferme requises par le parquet contre ces bénéficiaires de la fraude. À l’audience, en décembre, Abdalla Ibrahim, un Franco-Syrien de 55 ans, avait reconnu avoir perçu 9000 euros, «soit en faisant quelque chose, soit en faisant croire que je faisais quelque chose». […]

Abdalla Ibrahim était en lien très fréquent avec Filis Tunc, présidente de l’association «La Maison du peuple kurde», qui, selon le tribunal, avait «mis en place une réelle collaboration avec le fonctionnaire». Le tribunal a condamné celle-ci à 16 mois de prison à purger sous surveillance électronique et à une amende de 5000 euros.

Le Figaro

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