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La censure littéraire s’étend aux Etats-Unis. Des interdictions demandées par des associations conservatrice ou de gauche favorable à la « cancel culture » et au « wokisme ».  En France, il s’agit plutôt d’auto-censure avec l’apparition de « sensitivity readers » (lecteurs de sensibilités) chargés pour décortiquer les textes qui s’apprêtent à être publiés et traquer les parties de romans susceptibles d’offenser certains publics.

Elles se font appeler les « Moms For Liberty ». Ces mères de famille américaines et parents d’élèves sont devenues, au fil des saisons, les terreurs de certains professeurs des écoles et bibliothécaires des États-Unis. Épaulées par la droite conservatrice et courtisées par des candidats aux primaires républicaines comme Ron DeSantis (gouverneur de Floride) et Greg Abbott (gouverneur du Texas), elles s’activent depuis de longs mois pour faire disparaître des établissements publics des ouvrages jugés responsables de l’endoctrinement et du pervertissement des enfants, exposés, selon eux, à des récits et images choquants. De l’autre côté du spectre politique, la nouvelle gauche américaine adepte de la « cancel culture » et du « wokisme » s’organise également pour faire disparaître des programmes scolaires plusieurs romans, au nom, cette fois, de l’antiracisme et de la lutte contre le patriarcat. […]

Durant l’année scolaire 2022-2023, plus de 3 362 références de livres ont été interdites et retirées des milieux scolaires, universitaires et des bibliothèques publiques à travers une quarantaine d’États. Des chiffres jamais atteints depuis vingt ans… «Ce phénomène de censure est en hausse de 33 % par rapport à l’année précédente», précise le rapport de l’organisation non gouvernementale, PEN America, publié il y a quelques jours. Dans le classement des livres maudits figurent Tricks d’Ellen Hopkins, l’histoire de cinq adolescents tombant dans la prostitution, L’OEil le plus bleude la Prix Nobel Toni Morrison, qui narre l’histoire d’une fillette noire de 11 ans qui rêvait d’avoir la peau plus claire et les yeux bleus, le roman dystopique 1984 de George Orwell, Les Cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini ou encore Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee.

Du côté des livres jeunesse, Gender Queer, dans lequel l’auteur Maia Kobabe raconte le chemin de son identification en tant que personne non-binaire, n’est plus le bienvenu dans de nombreux États. Au même titre que le roman de Sarah J. Maas A Court of Mist and Fury (Un palais de colère et de brume) , qui met en scène des personnages gays et bisexuels, et que l’adaptation en bande dessinée du Journal d’Anne Frank, dont les images étaient jugées trop choquantes, ou de comics grand public comme Batman: White Knight, de Sean Murphy.  […]

En France, les cas de censure d’ouvrages demeurent confidentiels. Durant l’été, l’interdiction du roman Bien trop petit de Manu Causse par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait suscité l’émoi. Les autorités s’étaient appuyées sur une loi de 1949 qui prohibe les publications «à caractère pornographique» destinées à la jeunesse. «On voit plutôt dans l’Hexagone un phénomène d’autocensure s’installer, confie un grand éditeur français.»  […]

Le Figaro

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