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La figure du PS Daniel Guiraud, 65 ans, rejette la radicalité insoumise. Son fils, député LFI, dédaigne la tiédeur socialiste. Entre les deux, un dialogue semé d’incompréhensions et une histoire de famille qui est aussi celle de la gauche.

[…]

«Pauvre Daniel…» se désole-t-on dans la galaxie socialiste quand on évoque
David Guiraud. «Comment je fais si j’ai un fils comme ça ?» s’interroge une
députée, l’air paniqué. «Il sait ce que je pense des propos de son fils et je
pense que ça ne le surprend pas, raconte de son côté Lionel Benharous, son
ancien premier adjoint et successeur à la mairie des Lilas. Depuis le 7 octobre,
une partie de LFI s’éloigne de notre pacte républicain. Ce n’est plus possible
de travailler avec ces gens-là. Je n’ai pas de difficultés à lui dire mais je sais ce
que c’est qu’être père, donc je ne vais pas lui parler de ça tous les jours.»

Interrogé, Daniel Guiraud balaie : «Ce qui est dans la famille reste dans la
famille.» Mais à ses proches, il explique qu’il attend que la poussière retombe
pour discuter avec son fils, comme le lui commande «son rôle de père» et
confie son agacement. «Il n’y a rien qui allait !» se désole-t-il, déplorant ses
mots mais aussi la scène, à Tunis, à côté du militant Taha Bouhafs. «Il n’y
connaît rien», s’agace-t-il, et juge que le jeune député, absorbé par l’émotion
des Palestiniens, passe à côté de celle qui a saisi la communauté juive.
«Je sais très bien ce qu’il pense, je n’ai même pas besoin de parler avec lui,
explique son fils. C’est plus ma mère qui s’est inquiétée. En discutant avec elle,
je me suis rendu compte que je n’avais pas été bon. Je pense qu’elle me
retransmet les éléments de mon père.» Il admet d’ailleurs, comme Daniel
Guiraud l’analyse : «J’ai fait mon introspection, je sais ce qu’il s’est passé. Je
vois des images horribles de morts palestiniens, ça me désensibilise du 7
[octobre, date de l’attaque du Hamas]. A Tunis, j’ai parlé avec trop de légèreté,
j’ai merdé, j’ai manqué de compassion.»

Le député, qui s’est rapidement excusé, s’est interrogé : «Est-ce que j’ai vrillé
Comme beaucoup de jeunes des années 90, David Guiraud s’est intéressé
au conflit israélo-palestinien à travers les vidéos de Dieudonné et d’Alain Soral,
antisémites à l’audience massive dans les années 2000 et 2010
. «C’était les
seuls à prendre à bras-le-corps ce sujet, affirme l’insoumis. Et j’ai vu comment
Dieudonné a vrillé. A ce moment-là, des copains d’école sont devenus
franchement antisémites. J’ai grandi avec ça, donc à Tunis, j’ai eu peur de
m’enfermer dans un truc. Mais je ne suis pas Dieudonné.»

[…]

Libération


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