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15/12/2023


20/10/2023

Une pétition de fonctionnaires européens reproche à von der Leyen son “soutien incontrôlé à Israël”

La Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, risque bien d’être surprise lorsqu’elle arrivera à Bruxelles dans son bureau au 13e étage du Berlaymont, le siège de l’institution. Sur sa table, elle trouvera une lettre déjà signée par plus de 730 fonctionnaires européens à l’heure où Marianne écrit ces lignes. La chose est suffisamment rare pour être signalée : les fonctionnaires n’ont pas l’habitude de pétitionner contre le pouvoir en place. Quel est, alors, l’objet de la révolte ? Rien de moins que la position de la Présidente de la Commission européenne sur le conflit qui fait rage entre le Hamas et Israël, et son déplacement dans l’État hébreu où elle s’est invitée, le vendredi 13 octobre, sans prévenir les capitales européennes, et où elle a estimé devant le Premier ministre Benyamin Nétanyahou que son pays avait « le droit » et « même le devoir de défendre et de protéger sa population. » (…)

Marianne

La lettre des fonctionnaires européens traduite en français :

Chère Madame Von der Leyen,

La semaine dernière, nous avons été les témoins d’atrocités impensables et d’un retour à un passé barbare.

Nous, un groupe de membres du personnel de la Commission européenne et d’autres institutions de l’UE, condamnons fermement, pour des raisons personnelles, l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas contre des civils sans défense, la perte de vies humaines et la prise d’otages.

Nous condamnons tout aussi fermement la réaction disproportionnée du gouvernement israélien à l’encontre des 2,3 millions de civils palestiniens piégés dans la bande de Gaza, une réaction que de nombreux observateurs considèrent comme un crime de guerre.

C’est précisément en raison de ces atrocités que nous sommes surpris par la position adoptée par la Commission européenne – et même par d’autres institutions de l’UE – qui a donné lieu à ce qui a été décrit dans la presse comme une “cacophonie européenne”.

Nous sommes notamment préoccupés par le soutien inconditionnel de la Commission que vous représentez à l’une des deux parties. Ce soutien s’exprime de manière incontrôlée, par exemple en illuminant les bâtiments de la CE avec le drapeau israélien.

Nous ne reconnaissons guère les valeurs de l’UE dans l’apparente indifférence manifestée ces derniers jours par notre institution à l’égard du massacre actuel de civils dans la bande de Gaza, au mépris des droits de l’homme et du droit humanitaire international. Nous venons d’apprendre qu’un hôpital a été bombardé, faisant de nombreuses victimes. Selon les déclarations de l’UNRWA, pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer à Gaza depuis le début de l’opération israélienne, générant une crise humanitaire sans précédent qui s’ajoute à 17 années de siège de la bande de Gaza. Si Israël n’arrête pas immédiatement, toute la bande de Gaza et ses habitants seront effacés de la planète.

Nous sommes attristés par le double langage patent qui considère le blocus (eau et carburant) imposé par la Russie au peuple ukrainien comme un acte de terreur, alors que l’acte identique d’Israël contre le peuple gazaoui est complètement ignoré.

Nous ne pouvons pas rester des observateurs silencieux alors que l’institution que vous représentez en tant que président a non seulement été incapable d’arrêter la tragédie palestinienne qui se déroule depuis des décennies en toute impunité, mais que, par ses récentes actions ou positions malheureuses, elle semble donner carte blanche à l’accélération et à la légitimité d’un crime de guerre dans la bande de Gaza.

En cette période critique, nous aurions attendu de l’institution que vous représentez qu’elle défende ses principes fondateurs de paix, de justice et de droits de l’homme et qu’elle s’oppose fermement à leur violation.

Nous aurions été fiers que l’Union européenne, phare de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit, et prix Nobel de la paix en 2012, appelle à une cessation immédiate des hostilités et de la violence aveugle contre les civils. Il en va de même si l’Union européenne a utilisé tous les moyens diplomatiques à sa disposition pour engager les parties dans un dialogue en vue du retour en toute sécurité des otages israéliens et internationaux et de la levée du siège de Gaza.

La position de la Commission, adoptée sur la base de récits polarisés, a renforcé une regrettable myopie ambiante : telle une réaction en chaîne, la position partisane de l’institution contribue à creuser le fossé entre l’Europe et le monde musulman, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de l’Union, ainsi qu’à accroître les sentiments d’antisémitisme.

Cette situation n’est pas seulement dangereuse du point de vue de la sécurité, y compris pour le personnel de l’UE au siège et dans les délégations, mais elle favorise l’émergence d’idéologies qui ont affecté des générations d’Européens avant nous et que les pères fondateurs de l’Europe se sont efforcés d’éradiquer par le biais de cette même Europe en laquelle nous continuons de croire.

Chère Madame Von der Leyen

Nous vous demandons d’utiliser votre position pour aider à mettre fin aux atrocités qui se déroulent sous nos yeux.

Nous vous demandons instamment d’appeler, avec les dirigeants de l’ensemble de l’Union, à un cessez-le-feu et à la protection de la vie civile. Il s’agit là du fondement même de l’existence de l’UE.
Nous vous demandons instamment de respecter les conventions que l’UE a ratifiées et d’appeler les autres acteurs à faire de même, quelles que soient leurs positions respectives. Dans le cas contraire, l’UE risque de perdre toute crédibilité et sa position d’intermédiaire juste, équitable et humaniste, qui ne peut être légitime que si nous nous tenons nous-mêmes et toutes les nations également responsables.

Selon le traité de l’Union européenne :

Dans ses relations avec le reste du monde, l’Union affirme et promeut ses valeurs et ses intérêts et contribue à la protection de ses citoyens. Elle contribue à la paix, à la sécurité, au développement durable de la Terre, à la solidarité et au respect mutuel entre les peuples, au commerce libre et équitable, à l’éradication de la pauvreté et à la protection des droits de l’homme, en particulier des droits de l’enfant, ainsi qu’au strict respect et au développement du droit international, y compris le respect des principes de la Charte des Nations unies.

Enfin, nous vous demandons instamment, avec les plus hauts responsables de l’Union européenne, d’appeler sans relâche et de contribuer activement à la création d’un État palestinien indépendant, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et de l’Assemblée générale des Nations unies, vivant pacifiquement côte à côte avec l’État d’Israël, le long des frontières de 1967.

Un collectif de X membres du personnel de l’UE provenant du siège et de pays tiers.

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