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03/12/2023

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Pourriez-vous chiffrer les investissements faits en parallèle pour les 88 % de vos habitants qui ne résident pas à la Monnaie ?

Je ne pourrais pas vous le dire parce que la loi et ces subventions ne concernent en l’occurrence que les quartiers prioritaires de la ville. Mais je pourrais isoler un exemple, qui ressort de ma compétence, pour vous donner une idée : tout ce qui relève de l’école dans le cadre du réseau d’éducation prioritaire dans le quartier de la Monnaie. Cela représente 12 % de ma population et 45 % de mon budget global consacré à l’éducation.

Et vous affirmez qu’aucun autre quartier n’est aussi bien doté que celui de la Monnaie ?

C’est en raison de l’ANRU [Agence nationale pour la rénovation urbaine, ndlr]. C’est vrai chez moi, mais c’est vrai partout ailleurs. Il y a de très bonnes choses, comme le dédoublement des petites classes, qui portent ses fruits. Mais en effet, personne n’est aussi bien traité… Difficile d’entendre parler d’abandon. La culture de l’excuse, c’est bon, c’est terminé, nous n’en pouvons plus.

Comment expliquez-vous la survivance de ce relativisme, de ces revendications ?

Parce qu’eux veulent imposer leurs lois, ce que je refuse. Quand je travaille dans ce quartier, je travaille pour l’ensemble de la population, et je respecte les règles républicaines et les codes sociétaux qui sont les nôtres. Par ailleurs, les revendications sont toujours plus nombreuses, et nous finissons par être sommés d’être parents à la place des parents… alors forcément, les gens exigent toujours plus. Mais je vous assure que ces quartiers-là, en tous cas le mien, n’ont aucune raison de se plaindre d’un quelconque abandon.

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Les premiers jours, vous aviez semblé voir une exaspération dans ces manifestations…

Je n’associe pas cette exaspération à l’ultradroite ni à ces méthodes d’intimidation un peu aveugles. En revanche, je pense qu’il est grand temps d’en prendre conscience et qu’il faut revenir un peu en arrière pour comprendre pourquoi ce drame de Crépol a été particulièrement mal vécu par beaucoup de Français. Il y a quelques mois, beaucoup ont été choqués du traitement après la mort de Nahel. Je pense même que cela a révolté beaucoup de gens. D’autres affaires avaient choqué, mais personne n’a compris ce procès contre la police, la détention provisoire si longue du policier, la minute de silence à l’Assemblée nationale… Moi, je ne suis pas juge et je ne vous dis pas ce qu’il fallait faire ou non. Je vous rapporte ce que j’ai entendu pendant des semaines. La minute de silence n’est pas passée et je ne pense pas que les responsables politiques en aient pris conscience. Il y a eu une coupure à ce moment-là. Alors quelques mois plus tard, quand tous ces Français ont vu un traitement radicalement différent pour Thomas, ils ont totalement basculé dans la colère.

Quelle différence, justement ?

Contrairement à celle de Nahel, la mort de Thomas a été considérée comme un fait divers quasiment anecdotique. C’est un drame qui a été relativisé dans sa gravité finalement. Heureusement, et je veux vraiment saluer la gendarmerie, que les gendarmes ont interpellé les auteurs présumés extrêmement rapidement. Ils ont vraiment fait un travail exceptionnel et salutaire. Parce que je peux vous dire que la pression populaire était énorme et sans la réactivité des forces de l’ordre, ce serait monté dans les tours. Mais cela ne m’a pas empêché d’entendre parler de l’absence de minute de silence à l’Assemblée pendant toute la semaine qui a suivi. Je ne suis pas sûre que l’Assemblée nationale soit le lieu de ces minutes de silence d’ailleurs, mais les députés ont eux-mêmes créé un précédent… Et ça, je le répète, ça a vraiment heurté les gens.

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Le JDD

01/12/2023

Vous avez annoncé que 150 millions d’euros étaient injectés depuis 2014 dans le quartier sensible de la Monnaie, pourtant la situation ne s’améliore pas. À quoi ces fonds ont-ils servi ?

Ces 150 millions ont surtout été injectés dans la rénovation des bâtiments. On en a aussi déconstruit pour dédensifier le quartier, et pour reconstruire des habitations à taille humaine. La Monnaie est l’un des quartiers les plus dotés ! Je ne connais pas d’autre quartier dans Romans qui possède une maison de quartier, une ludothèque et une médiathèque… La maison de quartier, en 2020, a d’ailleurs été en partie brûlée par des individus de la cité. Tout comme la crèche en 2017, et une école en 2016.

Au moment des émeutes, le quartier a aussi été violemment mis à sac…

Oui, en juillet dernier, des individus ont brûlé l’office HLM ! Le restaurant chinois a lui été caillassé. Et le bar PMU affiche encore porte close. Quand on fait le décompte, bizarrement, on réalise qu’aucun des commerces communautaires du quartier n’a été touché ! En plus de l’argent injecté continuellement, les dégradations nous coûtent 500.000 euros par an.

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Le Figaro

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