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Tribune de militaires : ces autres généraux qui parlent de guerre civile

Pour Éric Delbecque, expert en sécurité intérieure et ancien directeur sûreté de Charlie Hebdo après l’attentat de 2015, l’étalement du repli séparatiste, qui manifeste l’ensauvagement à l’œuvre, menace de contaminer l’ensemble du pays.

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Les réticences de certains devant les termes d’« ensauvagement » ou de « décivilisation » deviennent franchement byzantines, parfois même incompréhensibles lorsqu’ils dédièrent leurs vies à l’analyse et au traitement de ces problématiques. Bien évidemment qu’il existe un « ensauvagement » de la délinquance, c’est-à-dire une brutalisation sans cesse accrue de ceux qui choisissent de s’installer en dehors de la loi ; bien sûr, un processus de « décivilisation » est également à l’œuvre, sachant que l’emploi de ce terme n’a jamais voulu signifier que de petits barbares avaient un jour été civilisés dans leur enfance.

Ce que l’on cherche à pointer du doigt avec cette formule, c’est la désagrégation d’un cadre sociétal global, collectif, permettant de policer les comportements et de sanctionner efficacement les coupables d’atteintes physiques à leurs contemporains ou ceux qui « s’épanouissent » dans l’incivilité permanente… Exactement l’inverse de la dynamique positive qui travailla positivement l’Occident durant plusieurs siècles (voire, cela va de soi, Norbert Elias, afin de saisir en profondeur le concept de « civilisation des mœurs »). L’expression s’avère par conséquent totalement appropriée. […]

Vient ensuite un phénomène majeur, sorte de cristallisation instable et ultra-dangereuse de tout ce qui précède, auquel peu de personnes semblent accorder l’attention qu’il mérite : à savoir que le repli séparatiste s’étale… Autrement dit, « les territoires perdus de la République » ne servent pas simplement de base arrière à la délinquance, au trafic de stupéfiants et à l’islamisme (oui, mille fois oui, tout cela s’articule) et d’espaces où règne la loi du plus violent. Ils encouragent aussi la projection vers l’ensemble des autres territoires, qui deviennent des cibles de raids, potentiellement meurtriers, où l’on assouvit sa soif de prédation sadique.

L’Hexagone en miettes ne provoque pas seulement la République en défiant ses valeurs et ses règles : les enclaves criminogènes autorisent également à édifier de quasi-citadelles d’où des bandes sans limites mènent des opérations visant à multiplier les perturbations de l’ordre public, voire les assassinats purs et simples. Conclusion ? Ceux qui pensent que l’on peut s’accommoder d’un pays patchwork ne comprennent rien à la situation sécuritaire française. Laisser prospérer les bastions séparatistes et les écosystèmes de criminalité, c’est organiser la contamination, peu à peu, de l’ensemble du territoire national. Dès lors, habiter les villes ou les champs n’aura plus guère d’importance, nous subirons tous l’insécurité permanente…

Le Point

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