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Il y a trois semaines, plus de 11.000 migrants étaient arrivés sur la petite île italienne en provenance des côtes tunisiennes. Ils sont désormais plusieurs dizaines, peut-être une centaine, à avoir établi un campement sauvage sous le métro Stalingrad, dans le XIXe arrondissement de la capitale. Ces jeunes hommes viennent du Soudan, d’Érythrée, d’Afghanistan, de Côte d’Ivoire ou de Guinée. Ils indiquent pour la plupart vouloir se rendre en Allemagne ou en Grande-Bretagne. Pas de femmes ni d’enfants.

« Je suis arrivé à Paris il y a sept jours. » Mustafa, 24 ans, est parti du Soudan il y a plusieurs mois. « Je suis passé par la Libye puis la Tunisie et j’ai débarqué à Lampedusa avant de gagner Paris. »

Demander l’asile permet aux clandestins de régulariser leur présence sur le territoire, le temps que leur demande soit traitée. Le plus souvent, des associations viennent en aide aux migrants pour les aider dans ces démarches administratives et juridiques. La Mairie du XIXe arrondissement indique la présence régulière d’ Utopia 56 sur la zone depuis l’installation du campement. L’association est très présente à Calais et en région parisienne. Elle avait récemment investi une école désaffectée du XVIe arrondissement avec plus de 500 migrants.

« C’est le douzième campement sauvage installé à Stalingrad depuis juillet 2022 », regrette Léa Filoche, adjointe à la Mairie de Paris qui vient juste de prendre en charge le dossier du logement, de l’hébergement d’urgence et de la protection des réfugiés après Ian Brossat, fraîchement élu au Sénat.[…]

D’autres jeunes subsahariens indiquent vouloir gagner l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. C’est le cas de Youssouf, 22 ans, également d’origine soudanaise. Le jeune migrant est aussi passé par Lampedusa et explique transiter par Paris avant de tenter sa chance vers l’Allemagne. « La Grande-Bretagne, c’est difficile de se faufiler », glisse-t-il dans un Anglais approximatif. Brahim, jeune Érythréen de 20 ans, veut essayer de gagner Calais pour traverser la Manche. « La plupart de ceux qui sont ici ne font que transiter par la France », affirme-t-il en regardant autour de lui. […]

« Il ne faut pas prendre de photos ! » Un homme d’une trentaine d’années fait la chasse aux journalistes, mais la présence de quelques policiers du XIXe arrondissement le dissuade d’insister. Le quartier est déjà connu pour le trafic de crack. En juin 2021, les «crackeux» avaient été expulsés du jardin d’Éole et déplacés porte de la Villette. « Mais depuis, des “ modous” et des toxicomanes sont revenus , affirme Pierre Liscia, conseiller régional d’Île-de-France et habitant du quartier, ils font vivre un enfer aux familles et aux riverains.»

Le conseiller régional craint aussi pour les migrants, qui sont une cible de choix pour les dealers : « Lorsqu’un campement sauvage s’installe, il y a inévitablement des migrants qui tombent dans le crack. Les dealers profitent de leur détresse humaine et sociale. Ils offrent souvent les premières doses. » Rapidement addicts, ces migrants restent généralement à la rue en dépit des évacuations. […]

Contactés, le ministère de l’Intérieur et la préfecture de région ne confirment pas la présence de migrants venus de l’île italienne à Stalingrad et ne font aucun commentaire sur une possible mise à l’abri de certains d’entre eux.

Le Figaro

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