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(…) Alors que seule une dizaine de dossiers étaient devant la justice entre 1994 et 2019, le Parquet national antiterroriste (Pnat) n’en compte aujourd’hui pas moins de 72. Soit sept fois plus, en l’espace de quatre ans, que durant les 25 années précédentes.

Aussi le Parquet national antiterroriste suit-il actuellement 266 détenus condamnés pour terrorisme, dont 88 % pour terrorisme djihadiste, mais également 210 qui sont sortis de prison. Auxquels il faut agréger une vingtaine de prévenus sous contrôle judiciaire puisque Naoufel Gaïed, chef de la mission de lutte contre la radicalisation violente à l’administration pénitentiaire, rappelle que «les services pénitentiaires d’insertion et de probation suivent en tout 230 personnes pour faits terroristes en milieu ouvert». Chaque année, environ 80 condamnés pour terrorisme djihadiste sortent des prisons françaises.

À ces individus dûment suivis par l’autorité judiciaire, il faut ajouter tous ceux rendus à la nature et à la vie normale, devenus invisibles depuis la fin de leur mesure de surveillance judiciaire ou administrative. Soit 250 personnes, dont toutes ne sont pas suivies par les renseignements. (…)

Toute cette population qui recouvre la liberté correspond à la grande cohorte des années 2012 et suivantes, dont beaucoup de revenants de Syrie ou de velléitaires au départ. (…)

(…) «Désormais, note Jean-François Ricard, le procureur national antiterroriste, près de 30 % des sortants de prison font l’objet d’une surveillance judiciaire prononcée par la juridiction de l’application des peines, contre 17 % en 2020. Or, cette mesure ne peut être prononcée que pour les personnes condamnées à une peine supérieure ou égale à 7 ans d’incarcération. À l’inverse, ceux qui bénéficiaient d’un suivi post-peine, possible pour les peines inférieures à 7 ans, ne représentent plus que 1 % des sortants contre 32 % en 2020. Nous avons donc de plus en plus de sortants condamnés à plus de 7 ans pour des faits commis à partir de mi-2016, c’est-à-dire en pleine période d’attentats. (…) » (…) Le haut magistrat insiste sur le profil de ces derniers : «Parmi les sortants de prison figurent des individus condamnés pour avoir participé à des projets d’action violente non suffisamment élaborés pour être renvoyés devant une cour d’assises.» (…)

Actuellement, en détention, l’administration pénitentiaire compte plus de 450 places dédiées aux détenus djihadistes, avec au total 276 membres du personnel affectés à ces structures. Peu dupe de la capacité de repentir de ces détenus, elle «travaille sur une meilleure articulation entre les services de probation du milieu fermé et ouvert pour une continuité de l’information à la sortie de prison» (…)

Le Figaro

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