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Mathilde Tchounikine est chargée de mission pour la Fondation pour l’innovation politique. En février, la Fondapol a publié une note intitulée «Immigration: comment font les États européens».

LE FIGARO. – En début d’année, la ministre de l’Immigration suédoise, Maria Malmer Stenergard, avait déclaré que son pays «ne sera pas plus généreux en matière d’asile que ce qui est exigé par le droit européen et les conventions internationales». En juin, le nouveau gouvernement de Finlande promettait un durcissement sur l’immigration. Ces déclarations ont-elles été suivies d’effets? D’autres pays nordiques ont-ils durci leur politique migratoire?

Mathilde TCHOUNIKINE. – (…) C’est le choix qu’a fait le Danemark, en achetant en 2015 des emplacements publicitaires dans les journaux libanais pour y détailler la réduction des aides sociales, puis en instaurant la possibilité de confisquer les biens des demandeurs pour couvrir leurs frais d’hébergement.

Fortement médiatisées, ces mesures visent clairement à produire un effet de dissuasion. Il faut noter que la mise en place de ces mesures ne nécessite pas de bénéficier, comme le Danemark, d’un «opt-out» permettant de ne pas appliquer les règlements européens en matière d’immigration et d’asile. Le gouvernement suédois, issu d’une majorité nouvellement élue, a également adopté cette approche, en indiquant vouloir faire de la Suède «le pays le moins attractif d’Europe» avec une campagne d’information internationale détaillant la réduction des conditions matérielles d’accueil. S’il est trop tôt pour voir l’effet de ces annonces en Suède, au Danemark, le pari est réussi: entre 2014 et 2019, le nombre de demandes d’asile a chuté de 82 %.

Quelles ont été les conséquences de l’augmentation de l’immigration dans ces pays?

L’arrivée de flux migratoires extra-européens, à partir des années 1980, a peu à peu modifié ces sociétés.

(…) En effet, des travaux de recherche, notamment ceux de Robert Putnam, montrent qu’au sein des populations homogènes, une forte augmentation de l’immigration entraîne un multiculturalisme qui érode la confiance interpersonnelle: plus la distance sociale qui sépare les individus est importante, moins il devient facile de se faire confiance, de coopérer. Or, l’État-providence repose sur la confiance interpersonnelle. C’est cette logique qui conduit les gouvernements danois à mettre en place une politique restrictive.

Les pays d’Europe du Nord ont longtemps été dépeints comme étant des modèles libéraux sur les questions sociétales. Est-ce terminé?

L’immigration, mais surtout l’emprise idéologique grandissante des pays du Golfe sur l’islam européen, a fait apparaître en Europe un islam conservateur, incompatible avec les valeurs d’égalité homme-femme, de liberté d’orientation sexuelle ou de liberté de la presse. La restriction de l’immigration dans les démocraties nordiques montre tout d’abord une volonté de protéger ces libertés.

(…) Le Figaro

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