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ENTRETIEN EXCLUSIF – Inlassablement, l’animateur s’active pour sauver le bâti historique français. À l’occasion du 40e anniversaire des Journées européennes du patrimoine, il nous a reçus dans son collège royal, en Eure-et-Loir.

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En 2018, vous déclariez que vous quitteriez la mission si vous n’étiez qu’un cache-misère…

Aujourd’hui, je ne peux pas dire que la première ministre soit une passionnée de patrimoine. Ça se saurait. Elle a l’air davantage attirée par les éoliennes et par tout ce qui vient d’Allemagne et de Chine. C’est quelqu’un avec qui je sais que je ne pourrai jamais m’entendre. Oui, j’ai parfois douté de la politique du « en même temps»… En même temps, on me demande d’un côté de sauver le patrimoine, et je le fais de tout mon cœur. De l’autre, on le détruit, et on ne peut me demander d’y souscrire. J’ai eu des doutes parce qu’il y a en permanence de nouvelles réglementations qui étouffent les propriétaires de monuments. Et parce que l’État a de moins en moins d’argent pour leur venir en aide.

Vous dénoncez un laisser-aller général des municipalités… Malgré votre intervention, une maison à colombages dans le Bas-Rhin a été rasée…

C’est d’autant plus fou que l’architecte des bâtiments de France s’opposait à cette destruction. Mais avec la loi Elan de 2017, son avis n’est plus que consultatif. On en revient aux cris de colère de Victor Hugo en 1825 : « Stop aux démolisseurs ! » Il faut crier d’autant plus fort que les lobbies, notamment ceux de la construction immobilière et du BTP, sont très puissants. Et je ne parle pas de ceux de l’éolien et des énergies renouvelables. Là où ces démolisseurs ont tort, c’est que le parti du patrimoine est majoritaire en France.

Vous n’en doutez jamais ?

Non, car, en faisant le tour des villages et des villes, je suis accueilli par des milliers de gens qui me remercient pour mes émissions, mais surtout pour le patrimoine. Pour ce que j’ai fait pour leur église, leur lavoir, leur pont… 52 % du patrimoine est situé dans les communes de moins de 2 000 habitants. Souvent, l’église est au milieu du village. Quand elle est en déréliction, les gens ne voient plus que ça. Et pensent que l’État les abandonne. Toute cette colère, elle vient aussi de là, dans les campagnes. D’un sentiment de déclassement. On me dit qu’il ne faut pas dire ça. Que je fais le jeu de l’extrême droite. Mais je ne fais le jeu de personne. Si on ne peut pas constater les dégâts sous prétexte que ça va déplaire… C’est comme si un médecin ne pouvait pas faire un diagnostic négatif sous prétexte qu’il va contrarier son patient. Je suis désolé, moi, je dis la vérité.

(…) Le Figaro

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