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L’ENQUÊTE DU DIMANCHE. La distribution de matériel aux usagers de ce dérivé de la cocaïne a doublé en un an. Les habitants s’inquiètent.

Cette drogue, apparue vers 2017 à Bordeaux, connaît, depuis cette date, une expansion aussi fulgurante qu’alarmante. Le crack est obtenu en mélangeant de la cocaïne avec du bicarbonate de soude ou de l’ammoniaque. Ainsi « basée », cette cocaïne se présente sous la forme de petits cailloux qui sont fumés ou inhalés à l’aide d’une pipe en verre.

À Bordeaux, l’immense majorité des consommateurs « cuisinent » eux-mêmes la cocaïne. Avec un seul gramme de cocaïne – il se négocie à Bordeaux entre 60 et 70 euros –, ils obtiennent une bonne dizaine de « galettes ». Une seule d’entre elles permet trois consommations.

« Les chiffres sont énormes »

Le nombre d’usagers de ce produit dépeint comme « la drogue du pauvre » est en forte augmentation. En France, les « fumeurs de cailloux » seraient au nombre de 43 000. Dont 13 000 dans la seule région Île-de-France. Et à Bordeaux ? Aucun chiffre officiel n’est disponible mais plusieurs éléments d’appréciation inquiètent très vivement les différentes structures sociales présentes dans la capitale de la Nouvelle-Aquitaine.

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Ces indicateurs chiffrés, les riverains et les commerçants de Saint-Paul y sont peu sensibles. Ils ont leur propre baromètre de la situation locale. Pendant des mois, les habitants de ce quartier historique surplombé par la Grosse-Cloche – une porte fortifiée édifiée au XIIe siècle – ont vécu « l’enfer », affirme Danielle Pendanx, présidente de l’Association des commerçants et riverains de Saint-Paul.

À deux pas de la rue Sainte-Catherine – l’une des artères commerçantes les plus longues et les plus fréquentées de France –, des toxicomanes installés sur des matelas répartis autour du palais des Sports ont rendu le quotidien des habitants cauchemardesque. « Une vie rythmée par le deal, les vols et les agressions, résume la commerçante excédée. Fin mai 2023, j’ai été menacée par un crackeur. Il a hurlé : “Je vais te faire la peau, connasse !” J’ai dû me réfugier chez un collègue. »

(…) Le Point

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