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Missak Manouchian va entrer au Panthéon. Le président doit officialiser sa décision ce dimanche, à l’occasion du 83e anniversaire de l’Appel du 18-Juin, indique Jean-Pierre Sakoun, à l’origine du comité de soutien “Manouchian au Panthéon”. La panthéonisation aura lieu le 21 février 2024, 80 ans après l’exécution de Missak Manouchian. Il sera accompagné de son épouse Mélinée, elle aussi résistante.

France Info

1983. Le documentaire de Mosco Boucault vient marcher sur les platebandes du Parti communiste : un mythe s’effrite. 

On a peine à imaginer le scandale que provoqua en 1985 ce formidable documentaire consacré aux FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans-Mains-d’œuvre immigrée), réseau de résistance formé de Juifs communistes originaires de Pologne, de Roumanie ou d’Arménie, qui commirent en 1942 et 1943 de nombreux attentats contre l’occupant.

Nourri de témoignages de cette histoire méconnue et mythifiée par le Parti communiste, Des terroristes à la retraite – fait rarissime en matière de documentaire – a mis au jour une matière historique inédite et insoupçonnée. « De cette histoire, je ne connaissais pas grand-chose d’autre que le poème d’Aragon [Strophes pour se souvenir, sur le groupe Manouchian, en 1955, ndlr], explique l’historien Stéphane Courtois, qui terminait alors sa thèse sur le PCF dans la guerre (dirigée par Annie Kriegel). En me mettant sur le coup à la demande de Mosco, j’ai fait des découvertes. Notamment à travers une publication des lettres de fusillés, en 1951 – une brochure préfacée par Louis Aragon, dans laquelle quasiment tous les immigrés avaient été oubliés. C’est que l’histoire des communistes dans la guerre était la chasse gardée des communistes eux-mêmes. Aussi, lorsque Mosco m’a présenté son film, et que j’ai entendu la phrase (“Faute de preuves, je n’irais pas jusqu’à dire que le Parti les a donnés.”) de Philippe Ganier-Raymond, auteur de L’Affiche rouge (Fayard, 1975) à propos de l’arrestation du groupe Manouchian, je lui ai dit que ça allait tanguer ! »

« Je n’imaginais pas que ça irait si loin, sourit Mosco Boucault. Le film a été présenté au festival de Cannes en 1983 (à Perspectives du cinéma français, dont s’occupait Jacques Poitrenaud, proche du PCF), puis au festival de Grenoble où il a obtenu le Grand prix. Aucun problème ne s’est présenté… jusqu’à ce que Simone Signoret, qui avait enregistré le commentaire du documentaire avec Gérard Desarthe, s’inquiète de sa non-diffusion. Elle a pris rendez-vous avec Jean-Claude Héberlé, pdg d’Antenne 2. Pierre Desgraupes, auquel il venait de succéder, lui avait dit : “Il y a un film dans le coffre. Une bombe à retardement. Je te conseille de ne pas y toucher.” »

Lorsque Serge Klarsfeld, président de l’Association des fils et filles de déportés juifs de France, s’est élevé contre la déprogrammation du film, c’est un « conflit entre mémoire communiste et mémoire juive de la Résistance » qui s’est cristallisé, explique Stéphane Courtois.

La publication, dans les colonnes du Monde, d’une tribune de l’avocat Georges Kiejman (« L’annulation du film sur le groupe Manouchian : un pas vers la censure à la télévision ? ») fait l’effet d’un pavé dans la mare, provoquant la colère de François Mitterrand. « Antenne 2 a dû trouver un compromis, explique Mosco Boucault. Et le film a été diffusé en juin 1985 dans les Dossiers de l’écran, précédé d’un avertissement du sénateur Charles Lederman et suivi d’un débat dont il n’est rien sorti. »

Télérama du 6 février 2014

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