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Un imam, historiquement proche des Frères musulmans en France , devient trésorier d’une association de promotion de la laïcité… Ce n’est, hélas, pas une blague. L’imam se nomme Mohsen Ngazou, né en Tunisie. Quant à l’association, il s’agit de la Vigie de la Laïcité, présidé par l’ancien ministre socialiste Jean-Louis Bianco, et compte tenu des circonstances dans lesquelles elle a été créée, le moins que l’on puisse dire est qu’elle devrait être particulièrement attentive aux tentatives d’entrisme. Jean-Louis Bianco et les personnalités qui ont rejoint la Vigie dénoncent un « intégrisme laïque » qui ferait « le jeu de l’extrême droite », jetant le soupçon sur tous les musulmans, et, à travers eux, sur les personnes issues de l’immigration arabe et africaine.

Jean-Louis Bianco annonce, moins d’une semaine après la dissolution, la création d’une association, la Vigie de la Laïcité, avec l’ex-rapporteur général de l’Observatoire, Nicolas Cadène. La nouvelle structure comprend parmi ses membres fondateurs le sociologue Jean Baubérot , spécialiste des religions, Radia Bakkouch, alors présidente de  l’association Coexister , et Jean-Marc Schiappa, père de la ministre Marlène Schiappa , alors à la manoeuvre pour la dissolution de l’Observatoire de la laïcité. La nouvelle structure, qui fêtera bientôt ses deux ans, se porte bien.

 « Nous n’avons pas remplacé l’Observatoire, soupire Jean-Louis Bianco. Nous avons beaucoup moins de moyens, et surtout, nous n’avons plus de fonction de coordination interministérielle. » L’association dispose d’antennes locales dans l’Hérault, la Gironde, en Vendée, ainsi que dans les Bouches-du-Rhône. Elles travaillent avec des établissements scolaires, avec la Ligue de l’enseignement et les sections locales de la Ligue des droits de l’homme . L’antenne vendéenne est même chargée par l’État de l’animation du réseau des formateurs de référents laïcité.

Mais c’est dans les Bouches-du-Rhône que le profil du trésorier adjoint de Vigie de la Laïcité 13 réserve quelques surprises. Mohsen Ngazou est aussi imam et directeur du collège-lycée Ibn-Khaldoun à Marseille, sous contrat avec l’État depuis 2015. Un établissement « irréprochable en termes de respect de la laïcité », explique une source au rectorat. Le maire de Marseille, le socialiste Benoît Payan, l’a visité le 5 avril 2023.

Mohsen Ngazou est aussi président depuis 2021 de Musulmans de France, structure qui a remplacé l’ex-Union des organisations islamiques de France (UOIF), et qui s’inscrit « dans la mouvance des Frères musulmans », écrit Mohsen Ngazou lui-même sur son blog . La feuille de route des Frères musulmans a toujours été claire. Leur but à long terme – totalement incompatible avec la laïcité – est d’islamiser la société et d’appliquer la charia. Sans violence, certes, mais sans concession. Mohsen Ngazou, dans ce registre, a le mérite de la clarté. Toujours sur son blog, il qualifie d’« abjecte » la loi de 2004 proscrivant les signes religieux ostentatoires à l’école. 

Sur une autre page de présentation , il appelle à « perpétuer les idéaux de nos maîtres, à la manière d’un Tariq Ramadan ». Dans des textes que Le Point a consultés, il cite comme sa référence absolue l’imam Hassan el-Banna, qui a rédigé en 1936 les « 50 demandes du programme des Frères musulmans ». Ces directives appellent à « interdire la mixité entre étudiants et étudiantes », à considérer « comme un crime susceptible d’être sanctionné » toute tentative de flirt, à interdire la danse et à éradiquer toute influence occidentale dans les foyers. […]

Le Point

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