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La troisième édition des « états généraux de la natalité » s’est tenue à Rome, jeudi et vendredi, en présence de la présidente du conseil, Giorgia Meloni, et du pape François.

Les chiffres donnent le vertige. En 2022, l’Italie a donné naissance à moins de 400 000 enfants selon l’Institut national de statistique (Istat), tandis que, sur la même période, le pays enregistrait plus de 700 000 décès. Si la chute de la natalité dans la Péninsule suit une courbe descendante depuis plusieurs années, jamais depuis l’unification du pays en 1861 le nombre de naissances n’avait été aussi bas. C’est pour conjurer cet « hiver démographique », une expression passée dans le langage courant des Italiens, que les « états généraux de la natalité » ont été créés. La troisième édition de ce congrès rassemblant responsables politiques et économiques s’est tenue à Rome, jeudi et vendredi.

Signe que la problématique démographique inquiète, l’événement a réuni l’ensemble du spectre politique du pays, des ministres aux responsables des partis d’opposition, comme Elly Schlein, secrétaire général du Parti démocrate (centre gauche) ou Giuseppe Conte, patron du Mouvement 5 étoiles (antisystème). Vendredi matin, la tribune a réuni la présidente du conseil, Giorgia Meloni, et le pape François, chaleureusement applaudis par l’assemblée.

« Nous vivons à une époque où il est de plus en plus difficile de parler de la naissance, de la maternité et de la famille, a expliqué la cheffe du gouvernement. Parfois, cela ressemble presque à un acte révolutionnaire. » La leader de Fratelli d’Italia a rappelé aussi combien la natalité et la famille restaient une « priorité absolue » de sa mandature. De fait, la relance des naissances et le renforcement des politiques familiales figuraient en tête de son programme électoral en 25 points l’été dernier.

Durant les deux jours, une litanie de chiffres a donné la mesure de l’effondrement démographique de l’Italie. « D’ici à 2042, le PIB de notre pays risque de reculer de 18 % si le taux de natalité reste aussi faible », s’est inquiété le ministre de l’économie Giancarlo Giorgetti (Ligue, extrême droite). « Un grand pays qui perd des habitants risque de ne plus être un grand pays », a de son côté souligné Giancarlo Blangiardo, président de l’Istat jusqu’en mars dernier. Selon ses projections, l’Italie pourrait perdre 11 millions d’habitants ces prochaines années si rien n’est fait pour enrayer la chute des naissances. Un tableau apocalyptique auquel le ministre de l’éducation, Giuseppe Valditara, a apporté sa contribution en précisant que, d’ici dix ans, le nombre d’écoliers pourrait passer de 7,4 millions à 6 millions.

Ces états généraux ont ainsi été l’occasion pour Giorgia Meloni de vanter sa politique nataliste, qui comprend des mesures telles que l’allongement du congé parental d’un mois, payé à hauteur de 80 % du salaire, et des incitations fiscales pour les jeunes dans l’achat d’un premier logement.

Au-delà des diagnostics et des promesses, c’est l’idéologie de Mme Meloni et de ses alliés qui a été exposée à la tribune de ce congrès. « Nous voulons une nation où il n’est plus scandaleux de dire que, quels que soient nos choix légitimes et nos libres inclinations, nous sommes tous nés d’un homme et d’une femme, a déclaré la leader postfasciste. Une nation où il n’est plus tabou de dire que la maternité n’est pas à vendre, que l’utérus n’est pas à louer, que les enfants ne sont pas des produits en vente libre, que l’on peut choisir dans les rayons comme au supermarché. » Une prise de position dénoncée par certains membres de l’opposition comme discriminatoire vis-à-vis de la communauté LGBT.

Une autre intervention est allée plus loin encore : celle, jeudi, du ministre de l’agriculture Francesco Lollobrigida. « Il existe une culture, une ethnie italienne, qu’il faut protéger lors de ce congrès », a-t-il lancé. Des propos qui ont déclenché une nouvelle vague de condamnations dans les rangs de l’opposition.

Le 19 avril dernier, le ministre, par ailleurs beau-frère de Giorgia Meloni, avait déjà provoqué une polémique en pointant les dangers d’un « remplacement ethnique » des Italiens par les migrants. La question migratoire a pourtant été peu abordée lors de ces deux jours de congrès alors qu’elle reste centrale dans le débat sur le déclin démographique, et que de nombreux secteurs de l’industrie, peinant à trouver de la main-d’œuvre, plaident pour des régularisations.

Dans son allocution, le pape François a répondu indirectement au ministre de l’agriculture : « La natalité, tout comme l’accueil ne devraient jamais être opposés l’un à l’autre, car ils sont les deux faces d’une même pièce », a affirmé le pape argentin.

Le Monde

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