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Le 11 novembre 2020, rue Henri-Matisse, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), les clients d’un café assistent à une scène hallucinante. En levant les yeux, ils voient au 6e étage du foyer Adef un homme suspendu la tête en bas, les pieds reliés à la tête « en position fœtale ». Il est maintenu dans le vide par un individu.

Tétanisés, ils s’époumonent : « Ne lâche pas, ne lâche pas ! » Malgré leurs suppliques, l’étreinte se desserre et le corps s’écrase lourdement au sol. Les secours constatent que la victime Ridah Achour, 47 ans, est attachée fermement par les pieds et les mains avec un enchevêtrement de cordons, de câbles et de tissus. « Les liens avaient été ancrés dans les chairs car la peau était à vif », détaillera une enquêtrice de la police judiciaire.

Le suspect sera finalement retrouvé peu de temps après par les motards de la CRS autoroutière nord alors qu’il déambulait sur la bande d’arrêt d’urgence de l’A104, puis la traversait à la vue des policiers. Il s’agit de Kalidou T., le colocataire de la victime.

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« Il avait honte de ne pas avoir réussi en France »

L’histoire de Kalidou est celle d’un rêve déçu. « Je n’ai trouvé que des regrets en France », lâche l’accusé. En 2001, à l’âge de 14 ans, il laisse son Mali natal pour rejoindre son père et ses six demi-frères et sœurs en France. ll est « émerveillé par le confort de la vie en France ».

Il commet quelques larcins. Mais il est décrit comme un homme travailleur, courageux. Il se débrouille toujours pour trouver du travail malgré sa situation irrégulière. Il engloutit son « sentiment d’exclusion » dans des litres d’alcool et la consommation de cannabis. Il rejette la faute sur les autres : « Ils me détestent tous ».

Il reproche surtout à son père de « ne pas l’avoir accompagné pour sa régularisation ». « J’ai toujours rêvé d’être en situation régulière dans ce pays », indique-t-il. Même s’il n’a jamais entrepris la moindre démarche. Ce sujet est resté très sensible chez lui. C’est l’une des raisons qu’il invoque pour expliquer son coup de folie.

Alors qu’il saucissonne son colocataire jusqu’au sang en lui cassant un manche à balai sur les os, Ridah l’aurait menacé de l’expulser de son logement et pire, de le dénoncer à la police. La crainte d’être renvoyé au Mali était impensable. L’enquêtrice de personnalité le dira : « Il avait honte de ne pas avoir réussi en France ».

Le Parisien

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