Fdesouche

Elle est la nouvelle star de la génétique comportementale. Professeure de psychologie à l’université du Texas, Kathryn Page Harden a écrit le passionnant La Loterie génétique (Les Arènes, parution le 20 avril) afin de changer les préjugés sur sa discipline, encore trop souvent associée à l’eugénisme ou au racialisme biologique. La scientifique montre comment les gènes ont des effets importants en matière d’éducation ou de revenus, au même titre que les catégories socio-économiques. Mais, loin de tout fatalisme, elle assure que la prise en compte de ces différences génétiques n’est nullement incompatible avec une société plus égalitaire, bien au contraire.

(…) L’Express


Kathryn Paige Harden est une jeune femme charmante, et pleine de bonnes intentions. Cette professeure de psychologie à l’université du Texas voudrait lutter contre les inégalités, donner plus à ceux qui en ont davantage besoin. Pourtant, quand la nouvelle star de la génétique comportementale a été invitée en septembre 2020 pour une conférence à l’Ecole normale supérieure (ENS), elle a déclenché – par Zoom ! – une véritable guerre de religion au sein du vénérable établissement.

L’ambition de la chercheuse : faire des dernières découvertes sur notre génome un “outil de justice sociale”. Selon elle, la génétique explique au moins en partie les inégalités, de réussite scolaire notamment. Nul déterminisme pour autant, au contraire : il serait impératif de tenir compte de ces différences liées à l’ADN pour calibrer nos politiques sociales ou éducatives, et aider les moins favorisés par leurs gènes. “Son intervention a créé des remous, se rappelle Marie-Anne Félix, spécialiste en génétique fondamentale à l’ENS. A l’intérieur comme à l’extérieur de l’école, des gens se sont manifestés pour rappeler qu’un tel discours n’était pas fondé scientifiquement, et qu’il pouvait conduire à de graves dérives, malgré toutes les précautions oratoires de Mme Harden.”

Des remous ? Un euphémisme. Une fronde plutôt, à l’idée que “l’institution” puisse “apporter sa caution à ces thèses”, en frémit encore la généticienne Catherine Bourgain. L’atmosphère était si tendue que, fait exceptionnel, la direction de l’école a fini par organiser quelques semaines plus tard une deuxième table ronde entre partisans et critiques de la génétique comportementale. Avec l’espoir d’apaiser les esprits. Raté. “On s’attendait à des réactions du côté des sciences sociales, pour qui la génétique fait toujours figure d’épouvantail. Mais on a été surpris que cela vienne du département de biologie. Il y a un petit groupe très idéologisé opposé à ces travaux”, réplique Franck Ramus, chercheur en sciences cognitives à l’ENS (et chroniqueur à L’Express), à l’origine de l’invitation de Kathryn Paige Harden. Ambiance…

www.lexpress.fr

Fdesouche sur les réseaux sociaux