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Pourtant, en Finlande, malgré toute la fierté associée à cette renommée internationale, les écoles sont désormais considérées comme un problème. «Les performances du système scolaire finlandais se dégradent depuis 20 ans, et le déclin s’est accéléré ces dernières années», déclare Jaakko Salo, responsable du secteur de la politique éducative au sein du syndicat finlandais des enseignants OAJ. «On le voit clairement dans les évaluations nationales, mais aussi dans la comparaison internationale PISA. Que ce soit en lecture, en écriture ou en mathématiques, le tableau est le même partout

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Avis d’experts : l’immigration a surpris le système scolaire

Les causes du malaise du système éducatif finlandais font depuis longtemps l’objet de discussions parmi les experts. «L’immigration et la diversité croissante de la population scolaire qui en résulte sont clairement une des raisons de la baisse de régime du système scolaire finlandais», déclare Andreas Schleicher, qui coordonne l’étude PISA. Selon lui, après 2015, les pays nordiques ont été encore plus touchés par l’immigration que l’Allemagne. «La migration des réfugiés a pris le système scolaire finlandais par surprise», ajoute Andreas Schleicher. «Il n’avait pas les capacités nécessaires, une réalité à laquelle sont venus s’ajouter des problèmes d’ordre linguistique et un contexte culturel différent. La Finlande a été prise au dépourvu.»

Selon le chercheur en éducation, l’Allemagne doit également prendre cette évolution au sérieux. Le pays est en effet considéré comme mal placé en matière d’intégration scolaire des enfants de migrants. D’après Andreas Schleicher, les politiques allemands en charge de l’éducation pourraient s’inspirer du Canada, de la Norvège et d’autres pays bien cotés. Il met toutefois en garde contre une exagération des attentes. «La Suède était autrefois un modèle, mais les écoles sur place ont été littéralement envahies par les migrants et le système éducatif ne suit plus.» L’Allemagne est également confrontée à ce défi. «Dès que la proportion d’enfants issus de l’immigration atteint 40 ou 45 pour cent, cela devient difficile ; je ne connais aucun pays qui s’en sorte particulièrement bien», déclare Andreas Schleicher. Pour lui, seul le Canada fait un travail fantastique en matière d’intégration scolaire.

Des enseignants dépassés

Autre cause du malaise finlandais, qui fournit un avertissement supplémentaire aux politiques en charge de l’éducation à travers le monde : la réforme ambitieuse et précipitée des programmes scolaires finlandais a déstabilisé les enseignants, qui se sont souvent sentis dépassés. Il y a quelques années, le ministère de l’Éducation a opéré un tournant radical en passant d’un enseignement avec des contenus fixes à un apprentissage orienté sur les phénomènes. Les matières scolaires ne sont plus enseignées séparément. Au lieu de cela, les enseignants enseignent des ensembles de thèmes qui sont abordés dans différentes disciplines. «Le système scolaire finlandais n’était pas correctement préparé à l’apprentissage axé sur les phénomènes», explique Andreas Schleicher. Entre-temps, des mesures ont été prises, et les programmes scolaires s’orientent à nouveau davantage vers l’apprentissage traditionnel.

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Le Figaro

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