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Leurs parents les incitent souvent à taire leur métier à l’école, de peur qu’ils soient victimes de harcèlement. Cinq enfants de policiers, âgés de 12 à 20 ans, racontent comment cet héritage a marqué leurs premiers pas dans la vie.

« Profession des parents. » À chaque rentrée scolaire, Henri (tous les prénoms des témoins ont été changés) hésite. En CM2, son père lui a recommandé de se borner à « fonctionnaires ». La famille vient alors de déménager d’un coin d’Isère pour la banlieue sud de Paris. « Ici, les mentalités sont différentes. C’est la loi du plus fort. Des enfants comme moi sont harcelés ou frappés. » L’an dernier, à 12 ans, il a relevé le menton. Sur la fiche, il écrit « Policiers ».

Son père travaille dans une brigade spécialisée de terrain. Sa belle-mère est agente de surveillance de la voie publique. Comme pour des milliers de gamins, cette vocation a pesé sur une enfance pas tout à fait comme les autres, entre réflexions antiflics, polémiques sur les violences policières et crainte d’être soi-même marginalisé à l’ombre de l’uniforme parental.

Il y a deux ans, « la fois de trop », Henri s’est battu avec un ami. « Il insultait mon père : Ton père le condéle sale flic… » Ce grand brun aux épaules carrées s’est émancipé de son ancien groupe de potes rebelles. Aujourd’hui, il rêve d’intégrer le Raid, l’unité d’élite destinée aux interventions de haut vol. En septembre, il doit entrer au lycée militaire de Saint-Cyr, dans les Yvelines. Son temps libre se partage entre la boxe, le paintball et la course à pied. « Il est archi motivé, observe sa belle-mère. Il veut un cadre militaire et des gamins qui lui ressemblent. »

(…) Emma, 12 ans, a entendu sa mère la sermonner des dizaines de fois. « Ne dis pas que papa est policier ! » répète cette avocate des Alpes-Maritimes. L’élève de 6e aux grands yeux marron et aux cheveux bouclés a bien compris pourquoi. « Pour qu’on ne me tape pas et pour ne pas avoir d’histoires, grimace-t-elle. Il y a des gens qui pensent du mal de la police. » Rien n’y fait. « Moi, je dis le métier de mon papa. Il ne peut rien m’arriver. Au pire, j’appelle mon père ! »

Emma, 12 ans, est fille, petite-fille et nièce de policier, baigne dans cet univers depuis toujours. Le Parisien

Il y aurait de quoi ameuter toute une compagnie. Emma est fille, petite-fille, nièce et même filleule de policiers ! Les critiques, elle s’en « fiche ». « À la télé, ils disent que la police ne devrait pas poursuivre les gens qui sont méchants, ou bien qu’elle tape pour rien. Mais c’est pour que les méchants arrêtent de faire leurs bêtises. » L’air de rien, elle s’intègre dans l’institution : « Nous, on veut le bien des personnes. »

En CM2, l’écolière avait préparé un grand exposé pour sa classe. Ses camarades ont pu admirer des écussons, des gilets pare-balles, apprendre à quoi servent les unités de la PAF (police aux frontières) et des CRS (compagnies républicaines de sécurité). « Plus tard, papa préférerait que je devienne avocate. Mais je ne veux pas défendre les méchants. Il dit comme moi : il faut être plus sévère avec eux. » Récemment, sa maîtresse l’a vue s’agacer en cours. La collégienne n’a pas compris qu’en pleine Révolution, les sans-culottes aient pu libérer les prisons…

(…) Le Parisien

(Merci à Remi)

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