Fdesouche

Bien sûr, on s’espionne entre alliés. C’est même le moyen de savoir si l’autre est bien un allié. Mais le Maroc n’aurait pas « seulement » écouté Emmanuel Macron et certains de ses ministres. Il aurait aussi cherché à corrompre des eurodéputés.

Le 19 janvier, pour la première fois de leur histoire, les eurodéputés ont taclé le royaume du Maroc, lui enjoignant de « respecter la liberté d’expression et la liberté des médias » et de « mettre un terme au harcèlement de tous les journalistes ». Ils en ont aussi profité pour dire combien ils étaient « profondément préoccupés par les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient corrompu des députés au Parlement européen ».

Une attaque en règle, aux antipodes des propos de l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, qui, au lendemain de ce vote fort mal reçu du côté de Rabat, a clamé que « la résolution du Parlement européen n’engage aucunement la France ». Une manière de rappeler que, entre ces deux pays, ce n’est pas une histoire comme une autre, et ce, malgré les coups bas que le royaume inflige régulièrement à la République.

CORRUPTION À BRUXELLES

Loin de ce que sous-entend la dénomination de « Qatargate », tout est en effet parti de soupçons d’ingérence portant sur le Maroc. Ce dernier constitue bel et bien le point de départ des investigations lancées par les services de renseignement belge et désormais entre les mains de la justice de nos voisins d’outre-Quiévrain, laquelle enquête notamment pour corruption. L’enjeu : le royaume chérifien a-t-il corrompu des élus pour faire voter à Bruxelles des lois en sa faveur ? En France, cela n’émeut manifestement pas grand monde parmi nos politiques et leaders d’opinion…

INFLUENCE ET INGÉRENCE

À croire que le Maroc est dans notre pays comme chez lui. « Les services marocains se sont toujours mal comportés en France », glisse à Marianne un ponte du renseignement, qui rappelle l’affaire Ben Barka – chef de file de l’opposition marocaine au roi Hassan II, le père de l’actuel monarque –, lequel avait disparu en plein Paris à l’automne 1965. Et notre homme de poursuivre : « Les services marocains [la DGED] n’ont aucune pudeur en France, quand bien même ils sont pris la main dans le sac. Souvenez-vous de cet espion qui, identifié en 2016, avait notamment corrompu un membre de la police aux frontières pour se procurer des documents ulltraconfidentiels, comme des fiches “S” de personnes radicalisées. » On nous opposera que la France n’est pas un parangon de vertu. Certes. Il n’empêche, l’ancien protectorat déploie ses réseaux dans tous les rouages de la République, du sommet de l’État au conseil municipal d’Ivry-sur-Seine.

(…) Marianne


(…) Afin d’obliger le Maroc à reprendre ces clandestins, Emmanuel Macron avait décidé à l’automne 2021 de restreindre le nombre de visas délivrés ; et Mohammed VI, de jouer la rétorsion. À l’été 2022, Rabat a annulé le laissez-passer consulaire nécessaire à l’expulsion de l’imam marocain Hassan Iquioussen (prédicateur du nord de la France par ailleurs fiché « S ») pour des « propos incitant à la haine et à la discrimination ». Il a finalement été expulsé vers son pays par la Belgique, où il avait fui. Une politique de fermeté sur les visas, levée depuis, et qui n’a pas eu l’heur de faire véritablement fléchir notre ami le roi.

PARCE QUE C’EST L’UNE DES PORTES D’ENTRÉE DE LA DROGUE VERS L’EUROPE

Premier producteur mondial de résine de cannabis selon l’ONU, le Maroc devrait figurer au sommet de la « wanted list » du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui proclame régulièrement que « la lutte contre la drogue, partout sur le territoire, est une priorité ». Sollicité par Marianne, le ministère refuse pourtant tout commentaire sur sa coopération avec Rabat dans la lutte antidrogue, à l’instar de l’Office antistupéfiants (Ofast). Preuve que le sujet est sensible Place Beauvau. Et pour cause.

(…) Marianne

Fdesouche sur les réseaux sociaux