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ENTRETIEN – Le psychologue et généticien américain montre que nos capacités intellectuelles et autres aspects de notre personnalité sont profondément influencées par notre génétique. Il invite à se saisir de cette révolution pour mieux cibler nos faiblesses et encourager nos talents.

(…) L’environnement peut faire une différence. Mais alors, pourquoi certaines personnes sont-elles schizophrènes et d’autres pas? Pourquoi certains enfants ont du mal à apprendre à lire et d’autres l’apprennent très facilement? Nous devons nous demander empiriquement ce qui cause ces différences, et considérer la possibilité que des différences génétiques héréditaires expliquent certains de ces comportements. Dans le passé, on pouvait contester les études faites sur les jumeaux ou l’adoption. Mais avec la révolution de l’ADN, cela devient de plus en plus difficile de contester la part d’héritabilité de certains comportements. Mais il y a beaucoup de domaines des sciences sociales où les données ne comptent plus. On les ignore, on les met sous le tapis.

On retrouve cette tendance dans les gender studies, qui ignorent le donné biologique de la différence des sexes…

Vous avez encore le droit de dire que la différence des sexes existe en France? J’ai toujours peur qu’on me pose la question quand je donne une conférence. Les hommes et les femmes sont-ils biologiquement différents? Appelez-les comme vous voulez, mais quand vous avez la moitié de la population avec deux chromosomes X, l’autre moitié avec un chromosome X et un chromosome Y.. Cela fait beaucoup de différences. J’ai l’impression qu’en France, je ne sais pas si c’est la tradition psychanalytique ou autre, il y a plus de résistance à la notion de génétique qu’il n’y en a en Angleterre.

(…) Je pense que la génétique explique une partie de nos goûts et de nos appétences et que c’est libérateur pour les parents: rien ne sert d’aller à contre-courant des dispositions naturelles de l’enfant, il faut les encourager, trouver quelles sont les choses qui les intéressent et pour lesquelles ils sont doués. Etre un bon parent, c’est être réactif aux talents de l’enfant, pas de penser qu’ils sont une boule d’argile que l’on peut modeler à sa guise. (…)

La réussite scolaire est héréditaire?

Oui. Le chapitre qui a attiré plus d’attention dans mon livre est celui intitulé: pourquoi les parents comptent, mais ils ne font aucune différence. Les enfants ne peuvent pas grandir seuls. Ils ont besoin de parents. Et la vie est plus agréable si les parents aiment et soutiennent les enfants. Mais la manière dont les parents éduquent leurs enfants ne fait aucune différence dans la façon dont leurs enfants réussissent à l’école par rapport aux autres enfants. Il n’y a pas d’influences parentales systématiques à l’échelle de la famille. Mes parents ont poussé ma sœur plus fortement que moi à l’école, mais ça n’a pas fait beaucoup de différence. Je sais que c’est difficile à accepter, mais les preuves sont accablantes. En fait, la réussite scolaire est plus héréditaire dans les premières années scolaires que le test d’intelligence générale.

Votre livre pose une question essentielle, celle de la méritocratie. Si une bonne part de notre destin est génétique, le risque n’est-il pas de légitimer l’existence de castes génétiques?

C’est une bonne question et j’essaie d’y répondre un peu dans mon livre. Je ne pense pas que la méritocratie soit incompatible avec la génétique, c’est même le contraire! D’ailleurs, la plupart des génies ne viennent pas de parents qui sont en haut de l’échelle sociale. La plupart d’entre eux sont au milieu. Si vous regardez les enfants des groupes les plus bas et les plus socialement défavorisés, certains ont des prédictions ADN pour la réussite scolaire qui sont beaucoup plus élevées que n’importe qui d’autre dans le spectre.

Et donc si la méritocratie fonctionne vraiment, si nous nous débarrassons de ces différences environnementales et traitons vraiment tout le monde de la même manière, alors vous vous retrouverez avec une héritabilité plus élevée parce qu’il ne vous reste plus que les différences génétiques. Et c’est, je pense, une bonne chose, vraiment, parce que c’est la vraie méritocratie.

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