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Pour éviter les routes maritimes, de plus en plus périlleuses, les Tunisiens utilisent désormais de nouvelles voies terrestres vers l’Europe. Ils se servent de Facebook et WhatsApp pour contacter des passeurs, rapporte “Middle East Eye”, qui a enquêté sur ces nouvelles routes du désespoir.Partager

Serrant une poignée de terre dans sa main crispée, Mabrouk Gaceur lutte pour contenir ses émotions au moment de la mise en terre de son fils aîné. Comme des milliers de Tunisiens avant lui, [son fils] Aboubakr, 16 ans, avait tenté d’émigrer en Europe au début de l’année dans l’espoir d’y entamer une vie meilleure.

Mais le 5 septembre, alors qu’il tentait d’entrer en Hongrie depuis la Serbie voisine, le véhicule dans lequel il se trouvait a terminé sa course dans le Danube après une poursuite policière à vive allure, faisant deux morts, lui ainsi qu’un autre ressortissant tunisien.

L’exode à tout prix

Aboubakr était conscient de tous ces risques, mais il n’avait qu’une idée en tête : quitter la Tunisie, nous a confié son père peu après les funérailles, avant d’ajouter, la voix brisée par l’émotion :

“Il n’arrêtait pas de me dire que tous ses amis étaient partis, et que ses cousins avaient pris le même chemin. Il voulait quitter le pays.”

Comme des millions de Tunisiens, les Gaceur ont été durement touchés par la crise financière, et à leurs yeux, la seule porte de sortie, c’était d’émigrer dans des pays plus au nord.

Dans ce contexte financier difficile, plus de 13 000 Tunisiens ont tenté de passer en Europe depuis le début de l’année, nombre d’entre eux par la mer, un itinéraire clandestin très dangereux.

(…) “D’après les chiffres du dernier baromètre arabe publiés en juillet, environ 55 % des Tunisiens déclarent épuiser leurs provisions avant d’avoir de l’argent pour racheter de la nourriture, ce qui n’est pas sans poser un problème d’insécurité alimentaire. La double dynamique de la hausse des prix et des choix limités de moyens de subsistance a abouti à la création d’un vivier de migrants en pleine expansion, et pousse de nombreuses personnes à aller chercher du travail ailleurs.”

Dans les régions de l’intérieur de la Tunisie comme autour de Tataouine, il est courant d’entendre des récits de rêves brisés et de drames, à côté d’exemples de gens qui ont réussi en atteignant un pays d’Europe et en s’y installant.

Lors des funérailles d’Aboubakr, plusieurs habitants nous ont parlé d’un passeur marocain, dont la promotion de son réseau sur WhatsApp et Facebook fascinait toute la localité.

(…) Courrier international

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