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Lors de ses vœux, Emmanuel Macron a annoncé qu’il poserait dans les prochaines semaines les premiers jalons d’un service national universel. Ça vous semble une bonne idée ?

Sur le papier sûrement, dans la réalité c’est moins sûr. Organiser pour les jeunes Français une période qui peut aller de quelques jours à quelques mois pour leur inculquer les bases du civisme est une belle intuition mais l’expérimentation qui est menée jusqu’à présent n’est pas très convaincante.

Sous sa forme actuelle, le service national universel (SNU pour les intimes) s’adresse à des jeunes, garçons ou filles, de 15 à 17 ans, sur la base du volontariat. Et le résultat c’est que ceux qui s’y inscrivent ne sont pas forcément représentatifs de la France d’aujourd’hui.

En 2021, moins de 5% des participants venaient de ce que l’on appelle pudiquement les « quartiers prioritaires de la ville », où l’esprit civique et le sentiment d’appartenance à la nation ne sont pas forcément omniprésents. En revanche, plus d’un tiers des volontaires étaient issus de familles de militaires, de policiers ou de pompiers. Ils ont évidemment le droit comme tout le monde de participer aux séjours de cohésion et aux missions d’intérêt général proposées par le service national universel mais ils ne sont pas nécessairement le public prioritaire.

C’est pour cela que le SNU pourrait devenir obligatoire pour tous les jeunes ?

Oui, c’est possible, même si on ne connait pas encore le projet que le Chef de l’Etat a dans la tête. Mais ce qu’on sait, c’est que ça couterait très cher d’accueillir chaque année toute une classe d’âge, soit 800 000 jeunes, a priori les élèves de seconde ou de CAP.

Et puis, surtout, l’objectif du dispositif reste peu clair : sur le site officiel du SNU, on nous explique que celui-ci permet, je cite, « d’affirmer ses valeurs » ou « d’agir pour une société solidaire », c’est assez nébuleux. Une seule chose est certaine : ceux qui regrettent le creuset que constituait le service militaire, supprimé par Jacques Chirac en 1997, en seront pour leurs frais.

Mais il est vrai qu’il est difficile de recréer aujourd’hui un sentiment patriotique dans une société individualiste, fragmentée par le communautarisme et où plus grand monde n’accepterait les contraintes qui étaient celles de la conscription.

Le danger, du coup, c’est d’accoucher une fois de plus d’un dispositif bancal qui ne sert pas à grand-chose, coute un bras aux finances publiques et permet surtout au président de la République de faire de beaux discours. Les mauvaises langues vous diront peut-être qu’on commence à avoir l’habitude mais ça me générait de commencer l’année en faisant du mauvais esprit.

Le 7 9.30 de France Inter

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