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Les récents faits divers qui ont marqué la fin d’année sont marqués par une dimension communautaire, analyse l’avocat Thibault de Montbrial et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure.. Ce phénomène s’explique selon lui par notre politique migratoire non maîtrisée

Le drame de Montpellier a entraîné des tensions entre la communauté gitane et la communauté maghrébine, et la tuerie du 23 décembre a provoqué des manifestations de soutien à la communauté kurde. Nos faits divers virent-ils de plus en plus au conflit intercommunautaire ? Pourquoi ?

Les deux derniers événements que vous mentionnez s’inscrivent dans la suite d’évènements précédents, dont certains ont été très spectaculaires. Je pense particulièrement à l’arrivée (parfois de l’étranger) de plusieurs centaines de Tchétchènes à Dijon en juin 2020, suite à un différend avec la communauté algérienne. On a donc déjà vu un tel conflit intercommunautaire, qui avait duré 3 jours avec des scènes d’une extrême violence, et qui avait été réglé, non par des organes de la République, mais par un imam dans une mosquée. Ce qui a aussi été le cas des violences graves, bien que sous médiatisées, à Montpellier il y a une dizaine de jours. On pourrait également ajouter la chasse aux Arméniens organisée aux alentours de Lyon par des associations turques en 2020. Plus généralement, une partie significative des microconflits qui ont désormais lieu régulièrement y compris dans les villes moyennes ont une dimension ethnique, souvent mélangée à des intérêts criminels. Donc pour conclure, la réponse est oui, il va y avoir de plus en plus de conflits intercommunautaires, et ça découle logiquement d’une politique migratoire non maîtrisée depuis une quarantaine d’années. La France a laissé se multiplier sur son territoire des îlots communautaristes, constitués de gens qui étaient en conflit dans leurs régions d’origines, et dont il faut être bien naïf pour penser qu’ils n’allaient pas reproduire ces conflits sur notre sol. C’est une illustration de plus de ce que Gérard Collomb disait quand il a quitté la place Bauveau en octobre 2018 : «Nous vivions côte à côte, et j’ai désormais peur que nous nous retrouvions face à face».

Faut-il y voir le signe d’une tribalisation de la société ?

Ce qui est certain c’est que les violences ethno-communautaires sont des phénomènes qui se répètent désormais régulièrement, bien souvent sous le radar médiatique. J’ajoute parmi les facteurs contributifs un point très important, c’est qu’il y a un dévoiement du droit d’asile en France. Il s’agit d’un droit fondamental, et il n’est pas question de revenir dessus. Mais on voit de plus en plus de demandeurs d’asile qui sont contactés par leur communauté d’origine et se voient fournir un avocat spécialisé sur la zone géographique concernée ainsi qu’un récit de vie crédible au regard du contexte local pour obtenir l’asile. En clair, c’est souvent sa communauté qui accueille le nouvel arrivant, et qui va lui fournir le type de récit susceptible de lui faire obtenir le droit d’asile. C’est extrêmement inquiétant, parce que ce fonctionnement contribue nécessairement à enraciner le migrant dans sa communauté d’origine plutôt que de favoriser son intégration dans la communauté nationale.

Comment enrayer ce phénomène ? Est-ce encore possible ?

Pour moi, c’est un des enjeux majeurs des toutes prochaines années. Si nous parvenons enfin à mettre de l’ordre aux frontières de la France (et de l’Europe, car nous n’y arriverons pas seuls), et à réformer le droit d’asile en profondeur, il reste une chance, même s’il est désormais probable que les violences graves vont continuer à se multiplier sur notre territoire. Mais si hélas le système actuel perdure, et que le nombre d’étrangers aux cultures parfois très éloignées de la nôtre (je pense en particulier à l’islamisme) et aux solidarités d’origine solides continue à augmenter, l’ordre républicain sera toujours plus difficile à assurer sur certaines parties du territoire (où les forces de l’ordre en particulier sont de plus en plus souvent perçues comme des groupes adverses, voire ennemis). La cohésion nationale sera soumise à rude épreuve. La situation est d’autant plus compliquée que l’extrême gauche est entrée dans une logique politique de soutien actif au phénomène. Même s’il faut se garder des comparaisons réductrices, trop d’anciens yougoslaves ou libanais réfugiés dans notre pays, instruits par les circonstances de l’effondrement de leurs pays d’origine, attirent notre attention sur la gravité de l’évolution actuelle en France pour que nous ne réfléchissions pas sérieusement à la façon de préserver notre Nation de fractures qui pourraient être terribles.

Le Figaro

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