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23/04/2019

[…] Ce mardi après-midi, les organisateurs ont annoncé avoir dû annuler l’évènement. “La sécurité de notre intervenant est notre priorité et face aux menaces il est préférable de ne prendre aucun risque”, expliquaient-ils sur Facebook, déplorant que “quelques censeurs se drapent dans les oripeaux de la tolérance et de la diversité pour mieux défendre des positions sectaires et étrangères à tout pluralisme”. Selon nos informations, la rencontre a finalement été maintenue mais, dans un premier temps, hors des murs de Sciences Po, dans l’amphithéâtre de l’IPAG, une école de commerce située boulevard Saint-Germain. La police est arrivée en nombre pour sécuriser la rencontre.

Enfin, dans un jeu du chat et de la souris, la conférence a de nouveau été déplacée, pour revenir dans le giron de Sciences Po, au 13 rue de l’université. Alain Finkielkraut a pu entrer. “Les fascistes ce sont eux, ils sont exactement ce qu’ils dénoncent”, a-t-il réagi auprès de Marianne. Ces “antiracistes” mènent selon lui “un combat dévoyé”.

Marianne



Le mardi 23 avril 2019, SciencesPo accueillera Alain Finkielkraut dans le cadre d’une conférence organisée par l’association Critique de la raison européenne (CRE). Cette conférence, décrite comme un “dialogue” sur le thème “modernité, héritage et progrès”, est en réalité une nouvelle tribune offerte par SciencesPo à un homme profondément réactionnaire et dont les propos ouvertement racistes et sexistes sont aussi dangereux qu’intolérables.
Le choix d’inviter Alain Finkielkraut pour une conférence sur l’Europe et la question de la modernité contre la tradition est en effet déjà un parti pris au vu de son discours dangereux et réactionnaire. Le présentant comme un intellectuel de renom, les organisateur-rice-s masquent bien mal le choix qu’ils font : celui d’un invité au discours xénophobe, qui ne manquera pas de récidiver dans ce nouvel événement. A cette conférence où l’on déplorera sans doute une prétendue disparition des frontières françaises dans l’Union européenne, on se gardera évidemment de rappeler que les politiques anti-migratoires de l’Union Européenne créent des cimetières. Hier encore, 800 personnes ont trouvé la mort en tentant de passer les côtes italiennes, alourdissant dans un silence médiatique alarmant le bilan néfaste des politiques réactionnaires opposées à la liberté de circulation. Dès lors nous ne pouvons accepter que “l’Europe moderne” soit celle d’Alain Finkielkraut et de ses propos islamophobes, racistes, sexistes et homophobes.
Alain Finkielkraut, s’il aime se présenter comme un individu subversif, portant une parole qu’on ne veut pas entendre, est pourtant bien présent autour de nous : de l’Académie Française à la radio publique, en passant par SciencesPo pour la deuxième fois en deux ans. Ces multiples tribunes lui permettent, depuis des années, de déverser sa propagande, s’attaquant toujours aux mêmes populations, musulman-e-s (et notamment femmes portant le foulard), jeunes Arabes et Noir-e-s de quartiers populaires, Roms. Récemment, il s’est fait défenseur de Renaud Camus, théoricien de la thèse du Grand remplacement et inspirateur du terroriste de Christchurch. La misogynie et l’homophobie de Finkielkraut n’est pas non plus à démontrer : soutien à Roman Polanski, apologie de la culture du viol et multiples sorties masculinistes.
Nous dénonçons l’action des organisateur-rice-s, Critique de la Raison Européenne, groupe qui souhaite prétendument débattre des questions européennes, mais qui est depuis bien longtemps une porte d’entrée de l’extrême-droite à SciencesPo : de Djordje Kuzmanovic à Elisabeth Lévy, de Anne-Marie Le Pourhiet à Eugénie Bastié, en passant par le criminel de guerre Hubert Védrine, cette association n’en est pas à son coup d’essai. Alors que le climat raciste, islamophobe, misogyne et homophobe s’accentue partout, et notamment à SciencesPo, la présence d’une telle organisation et d’un tel programme est intolérable.
Plus encore, nous dénonçons le choix de SciencesPo d’accepter que de tels propos se tiennent en son sein. Il y a quelques semaines à peine, une conférence de l’Intersection sur l’apartheid israélien était annulée à la dernière minute par l’administration pour des motifs fallacieux. Les organisateur-rice-s dénonçaient un double standard de l’administration, et voilà qui leur donne raison : c’est la deuxième fois en deux ans qu’Alain Finkielkraut obtient une tribune à SciencesPo, avec le soutien de l’administration et de ses services de sécurité. Encore une fois, l’école de la liberté d’expression, comme elle aime à se présenter, montre ses choix politiques : faire la part belle aux voix qui nourrissent l’extrême droite et mettent en danger nos existences. Les propos ne sont pas à séparer des actes, et nous refusons que des “débats” de “polémistes” se fassent sur des cadavres.
Nous notons également que la communauté étudiante – supposée progressiste – de SciencesPo se fait une fois de plus les complices de discours racistes, sexistes, islamophobes, homophobes et transphobes. Dans un contexte général de banalisation de l’extrême-droite et alors même que le Gouvernement mène les politiques incroyablement répressives et autoritaires, nous tenons à rappeler que ces élites sont les porte-voix et les premier-e-s allié-e-s de l’extrême droite.
Il ne peut pas exister de “dialogue” lorsque des individus aussi profondément réactionnaires qu’Alain Finkielkraut, par leurs propos et leurs idées, mettent nos vies et nos existences en danger, et justifient la montée d’un climat de violences.

Nous appelons donc à un rassemblement général mardi à 18h devant le 13 rue de l’Université pour protester et faire entendre nos voix contre la tenue d’un tel évènement.

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