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«Il nous faut aussi […] enseigner davantage la langue arabe à l’école ou dans un périscolaire que nous maîtrisons», annonçait Emmanuel Macron en octobre 2020 aux Mureaux, dans les Yvelines, lors d’un discours sur les séparatismes. 60 000 jeunes apprennent l’arabe dans des associations, estimait alors le Président, qui s’était engagé «d’ici à deux ans» à mettre en place «une vraie politique de connaissance des langues et des civilisations aussi à l’école».

Deux ans plus tard, qu’en est-il ? Le ministère de l’Education a accepté de partager avec Libération des données approfondies sur l’évolution de l’enseignement de l’arabe à l’école. En vingt ans, le nombre d’élèves apprenant l’arabe au collège et lycée a plus que doublé, passant de 7 719 élèves en 2002, à 16 823 en 2022, privé sous contrat inclus. Seule une ultra-minorité des élèves (moins de 1%) est en parcours professionnel. A ces derniers chiffres, il faut ajouter les quelque 2 000 jeunes en section internationale arabe et par correspondance.

Malgré cette hausse, l’écart reste saisissant. L’arabe, deuxième langue la plus pratiquée en France, n’arrive qu’en septième position des langues enseignées à l’école. Trois à quatre millions de personnes la parlent, soit 4% à 6% de la population, mais seulement 0,28% de l’offre linguistique lui est dédiée.

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Sarah a réalisé combien l’arabe était une langue à part quand une activité culturelle a été refusée par la direction, «qui mélangeait culture et religion». Pour Yasmine (1), ça a été une rentrée compliquée. «Je n’avais pas anticipé la méfiance, entre les collègues, les parents d’élèves… Et moi au milieu», retrace-t-elle. «Certains collègues avaient peur que je fasse de la compétition à leur langue, qu’ils considéraient comme supérieure.» D’autres redoutaient «un possible communautarisme», une peur observée par plusieurs professeurs interrogés, qui ont en grande majorité des descendants d’immigrés originaires de pays arabophones parmi leurs élèves. Aux parents aussi, il faut expliquer, rassurer. «Certains ont appris à écrire d’une certaine manière dans un pays arabophone, ils critiquent notre méthode pédagogique.»

L’arabe est aussi toujours considérée comme une langue à part par des élèves. Aux professeurs revient la tâche de sensibiliser, de rappeler les fondamentaux. Sur ses petites fiches de présentation de début d’année, la moitié des élèves d’Ahmed (1) lui ont précisé vouloir l’apprendre à des fins religieuses. A lui de répondre à des questions impromptues («quelle religion avez-vous ?» «pourquoi n’enseignez-vous pas le Coran ?») défaire de fausses croyances («apprendre l’arabe, c’est apprendre l’islam», «un Arabe est forcément musulman», «tout ce qui est musulman est arabe»).

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Libération

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