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Le chiffre intrigue. A la Chancellerie, il est pour le moment l’objet d’hypothèses. Au premier trimestre 2022, la délinquance des mineurs a diminué de 20% par rapport à la même période en 2021. A quoi attribuer une telle baisse du « nombre d’affaires traitées par les parquets et impliquant au moins un mineur » ? A une réelle diminution des vols ou des violences commises ? A une conséquence de la récente réforme du Code de la justice pénale des mineurs qui met davantage les jeunes sous surveillance ? A moins de poursuites engagées? « Nous cherchons à objectiver ce chiffre plutôt impressionnant. Je ne veux pas faire cocorico trop vite », avance prudemment le garde des Sceaux devant magistrats et acteurs de la Protection judiciaire à Saint-Nazaire jeudi. La procureure de la ville, Sylvie Canovas-Lagarde, n’a pas non plus d’explication toute faite. Dans son ressort, elle constate en revanche un nombre constant de gardes à vue de mineurs et des dossiers dont les protagonistes sont « de plus en plus jeunes et les comportements de plus en plus graves ». A Saint-Nazaire, le ministre inaugure un nouveau centre éducatif fermé (CEF), le 53e depuis vingt ans. Seuls trois pensionnaires occupent pour le moment ces bâtiments flambant neufs.

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Ce jeudi matin, le ministre amorce un échange avec S. , 15 ans, et M., 17 ans : — « Vous comprenez ce que vous faites ici ? » — « Non… mais c’est mieux que la prison ! » Le ministre, direct et ferme, sans pincettes ni guimauve : « Un centre éducatif, c’est fait pour apprendre. Un centre fermé, ce n’est pas pour rien. Il faut que vous vous y investissiez tous les deux. Ça marche. On a les statistiques. On met de l’argent, des éducateurs. Ça marche, à condition que vous le vouliez. » En face, des hochements de tête à moitié convaincus. A peine la petite délégation d’officiels est-elle sortie que S., qui est là après plusieurs cambriolages, fanfaronne : « Je ne compte pas rester ici, moi. Je vais fuguer. »

Argent public.

Les centres éducatifs fermés sont une alternative à la prison, souvent la dernière « chance » pour des jeunes qui ont déjà accumulé les délits. Dans chaque centre, 12 mineurs sont encadrés par le double de professionnels (26,5 équivalents temps plein en moyenne). Des éducateurs qui sont des « saints civils » pour le ministre. Selon une enquête de la direction de la Protection judiciaire de la jeunesse en juin 2021, six mois après leur sortie d’un CEF, plus de 75% d’entre eux « ont concrétisé leur projet de réinsertion ». Et 86% « ne font pas l’objet de nouvelles mises en cause pénales à leur sortie » et ce tant qu’ils relèvent de la justice des mineurs. Autre donnée qui, selon la Chancellerie, démontre que la prise en charge est « efficace » : deux tiers des mineurs placés en CEF ne sont pas incarcérés trois ans plus tard. « Cela coûte cher mais cela vaut la peine», résume Eric Dupond-Moretti.

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L’Opinion

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