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Dans ses chroniques publiées dans la revue Commentaire entre 2020 et 2022, et aujourd’hui réunies dans ce livre, il se fait l’entomologue minutieux du politiquement correct tel qu’il se déploie sur le service public et dans les journaux (il ne regarde jamais les chaînes d’information continue). (…) André Perrin est loin d’être un extrémiste. Il confesse avoir voté deux fois Mitterrand au XXe siècle et trois fois Bayrou au XXIe. Cet agrégé de philosophie, ami de Jean-Claude Michéa, inconnu des médias, s’était fait remarquer il y a quelques années par son livre Scènes de la vie intellectuelle, où il relatait comment le débat avait laissé place à l’intimidation sur la scène médiatique. (…)

Si la droite est dominante dans le champ politique (73 % des Français se disent de droite ou du centre), la gauche domine toujours le champ culturel. Les professeurs, les journalistes et les artistes, qui sont les principaux vecteurs de la transmission sont majoritairement de gauche. (…) Défenseur sourcilleux de la liberté d’expression, il relève l’invraisemblable retournement de la charge à laquelle procèdent les défenseurs du wokisme. Ainsi, au sujet du colloque organisé par des universitaires à la Sorbonne en janvier 2022, un universitaire avait publié une tribune dans Le Monde intitulée «Le colloque organisé contre le wokisme à la Sorbonne relève du maccarthysme soft». Mais qui met véritablement en œuvre ce maccarthysme soft, s’interroge André Perrin? Ces professeurs réunis pour discuter à coups d’arguments d’une idéologie en vogue, ou bien ceux qui à longueur de temps réclament la proscription de ceux dont ils ne supportent pas la pensée.

Et André Perrin de citer la longue liste de ceux dont on a demandé (et parfois obtenu) la tête dans les journaux, par les tribunaux, sur les réseaux sociaux, d’Olivier Grenouilleau, historien ayant osé aborder la traite orientale, à Marcel Gauchet. Perrin reprend un apologue de son ami Jean-Claude Michéa qui explique que dans «n’importe quelle société il existe un critère pour déterminer quelle est sa véritable idéologie dominante». «À une époque où l’idéologie chrétienne était encore dominante, il était fréquent qu’un penseur sentant le soufre dissimule son athéisme et son hérésie (…) et on ne peut imaginer qu’à l’époque un croyant authentique se serait évertué à passer pour athée. Si on veut bien appliquer ce critère à notre présent, on se demandera ce que l’on voit le plus souvent: un intellectuel accusé d’être réactionnaire qui s’en défend et proclame avoir toujours été fidèle aux valeurs de la gauche? Ou un intellectuel de gauche ou d’extrême gauche, reconnu comme tel, qui proteste qu’on l’a mal compris et qui jure ses grands dieux que, si, il a toujours défendu des idées de droite, voire d’extrême droite?» se demande Perrin.

Il excelle à cerner le double standard permanent du discours médiatique: «On s’alarme de la droitisation de la société, mais on ne s’est jamais inquiété de sa gauchisation. On déplore la “dédiabolisation” de l’extrême droite mais pas celle de l’extrême gauche (…) On s’indigne de l’apparition d’une droite “décomplexée”, mais pas de la perpétuation d’une gauche sans le moindre complexe. On proclame son appartenance à la gauche mais on confesse être de droite.»

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Le Figaro

Le livre à la FNAC.

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