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Le Royaume Uni va donc connaitre aujourd’hui un ‘nouveau nouveau nouveau’ premier ministre, après le bref épisode Liz Truss. Rishi Sunak a été nommé hier nouveau leader du parti conservateur et sera désigné premier ministre par le roi Charles ce soir.

Je sens votre sourire narquois, en train de nous écouter et en train de penser : la farce britannique continue.

3 premiers ministres en 2 mois, 4 ministres des finances en 3 mois. De quoi devenir la risée de la terre entière.

Et oui au premier coup d’œil, on est tenté de se dire : allez encore un, à qui le tour ? Après le bonimenteur Boris Johnson, après l’incompétente Liz Truss, voici donc Rishi Sunak, ex rival malheureux de Truss.

Les conservateurs sortent de leur chapeau le perdant de l’été dernier. Sur le papier, on voit mal en quoi ça peut mettre fin à la cacophonie de ces derniers jours.

Et puis Sunak hérite d’une économie plombée.

Une inflation supérieure à 10%, une livre sterling instable, un endettement public en hausse, des factures énergétiques maousse costaud, des conflits sociaux en veux-tu, en voilà. Une majorité avec 30 points de retard dans les sondages sur l’opposition travailliste.

N’en jetez plus !

Le miroir aux alouettes du Brexit a livré son verdict : l’illusion du miracle économique a été rattrapée par le monde réel.

Donc Sunak a du pain sur la planche.

Un esprit cartésien

Mais on peut mettre une pièce sur lui.

En tout cas, ça se tente.

Premier atout, cet homme a un tableau Excel dans la tête.

C’est non seulement un fan de Maitre Yoda dans Star Wars ce qui le rend sympathique.

Mais surtout, c’est l’homme capable de mener une politique économique cohérente dans le chaos post Brexit. Ministre des Finances à 39 ans (il en a aujourd’hui 42), c’est un esprit cartésien, modéré. Il pourrait augmenter les impôts sur les sociétés pour garantir les services publics.

Il peut rassurer les marchés.

Vous allez me dire : et alors ? Et alors c’est majeur. Que ça plaise ou non, ce sont les marchés financiers qui ont fait sauter Liz Truss parce que son programme économique était inapplicable.

2ème atout, Sunak a été désigné rapidement en 3 jours. Par des députés conservateurs qui ont sifflé la fin des enfantillages et retrouvé un peu de dignité.

Ils ont évité de nouvelles dissensions en public. Et au passage, ils ont écarté le retour du bouffon Boris Johnson.

Sunak est donc bien nommé. Et il a un peu de temps pour redresser la barre de son parti. L’opposition a beau réclamer des élections générales anticipées, le droit est du côté de la majorité conservatrice.

Le mandat des députés court encore pour deux ans.

Un fils d’immigrants à la plus haute fonction

Alors c’est vrai, il part de loin.

Et beaucoup éprouveraient un malin plaisir à voir les Britanniques payer la facture du Brexit.

Mais ne les enterrons pas trop vite. C’est un pays qui sait rebondir et la France n’a aucun intérêt à le voir plonger : ça reste notre 6ème partenaire commercial et son rôle en matière de défense est central à l’heure de la guerre en Europe.

Donc évitons de trop leur faire la leçon.

D’autant que dans le cas d’espèce, c’est nous qui devrions tirer une leçon.

Sunak est donc hindouiste, petit fils d’émigrés indiens, venus du Pendjab. Un profil sans précédent au sommet de l’État.

Alors certes, Sunak fait partie de l’élite, formé à Oxford, mariée à la fille d’un milliardaire. Mais ce fils d’une pharmacienne et d’un médecin n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche et il assume ses origines.

C’est le fruit d’une politique volontariste imposée il y a 15 ans par David Cameron au sein du parti conservateur. Avec des quotas de femmes et d’enfants de l’immigration parmi les députés.

Et il n’est pas le seul. Dans son gouvernement, on pourrait trouver Sajid David, d’origine pakistanaise, Kemi Badenoch, d’origine nigériane, Suella Braverman, venue de l’île Maurice.

Si on transpose en France, ça donnerait donc un président d’origine algérienne ou marocaine. Je vous laisse méditer là-dessus.

Le 7 930 de France Inter

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