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Les restrictions se multiplient à l’encontre des rescapés de la guerre civile syrienne qui se sont réfugiés au Liban. Leur départ est désormais envisagé par les autorités. L’implantation à long terme des réfugiés, sunnites dans leur immense majorité et souvent issus de milieux ruraux ou périurbains pauvres, viendrait bousculer le délicat équilibre socio-religieux sur lequel repose le pays.

Les restrictions se multiplient à l’encontre des rescapés de la guerre civile syrienne. Au plus fort de la « crise du pain » qui a secoué le Liban cet été, le jeune Youssef, réfugié syrien de 13 ans, sortait dans la nuit pour faire la queue à la boulangerie, afin d’augmenter ses chances de rapporter un précieux sachet de pain à la maison, à Bourj Hammoud, en lisière de Beyrouth. « Dans la file, des Libanais disaient “il faut dégager les Syriens chez eux”, “la crise au Liban, c’est de leur faute” », se remémore Youssef, originaire d’Idlib (nord-ouest de la Syrie). A cause du manque de pain, des disputes ont éclaté dans le pays. La rhétorique anti-réfugiés syriens a grimpé d’un cran. Dans certaines régions, des boulangeries avaient même, en juillet, organisé des files d’attente séparées selon la nationalité, en privilégiant les Libanais.

Hanane, la mère de Youssef, lui a alors appris à « se taire face aux humiliations, pour ne pas avoir de problèmes ». Pour cette femme séparée de son mari, mère de trois enfants dont deux sont déscolarisés et qui trime dans une épicerie de quartier, ces pénuries survenues sur fond d’effondrement financier et de spéculation ont été un « jeu politique, où les Syriens ont servi de boucs émissaires ». Les tensions ont aussi trouvé un écho dans les médias et sur les réseaux sociaux. « Tous les Libanais ne sont pas racistes envers nous », affirme Hanane, soucieuse de ne pas généraliser. Mais elle reconnaît qu’« avec la crise, la vie est très dure pour tout le monde » et « les relations vont se détériorer ».

Sur les 6 millions de personnes qui vivent au Liban, les réfugiés syriens sont plus de 800 000, selon l’Organisation des Nations unies (1,5 million, selon Beyrouth). Cela fait du Liban l’Etat qui héberge le plus grand nombre de rescapés de la guerre civile syrienne par habitant. Depuis le début de cet afflux, en 2011, les incidents violents, comme l’incendie de campements, sont restés rares.

Mais faute d’une politique d’intégration que les gouvernements successifs ont refusé de mener au nom de la fragilité de l’économie et de considérations confessionnelles et sociales, le statut de ces hôtes a toujours été précaire. […]

Le Monde

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