"La justice ne doit pas prendre en compte la capacité à écrouer. Aujourd’hui, si un mec doit aller en prison, ça n’est pas parce que c’est surpeuplé qu’on ne va pas l’écrouer, ça n’est pas un critère et heureusement." #prison #justice
— Amaury Brelet (@AmauryBrelet) September 8, 2022
"Ce qui ne veut pas dire que la #justice ne prenne pas en compte, en pratique, la réalité du monde carcéral. Les parquets font attention à leur jauge, au nombre de personnes en détention." #prison
— Amaury Brelet (@AmauryBrelet) September 8, 2022
Pour vider les prisons, la loi de programmation pour la #justice de 2019 vise à éviter les courtes peines d’emprisonnement (les peines de prison inférieures ou égales à un mois ferme sont interdites) et à renforcer les peines alternatives et les aménagements de peine ab initio.
— Amaury Brelet (@AmauryBrelet) September 8, 2022
"C’est schizophrénique. D’un côté, on dit au parquet 'sévissez', 'condamnez', et de l’autre, 'aménagez', 'libérez'. C’est une politique d’affichage. On fait finalement porter le poids sur le juge de l’application des peines (JAP) et le parquet. Et derrière on détricote." #justice
— Amaury Brelet (@AmauryBrelet) September 8, 2022
"Ou alors vous avez un mec condamné à un an, il fait 4 mois, il fait une requête en aménagement, comme ça il est sûr qu’à mi-peine, il lève la main, il dit : 'J’ai une femme, j’ai des enfants, je veux un bracelet électronique.' Et on va le faire sortir." #prison #justice
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"Au tribunal, on dit un an d’emprisonnement, la victime est contente, la société est rassurée, la justice est passée, mais quand on arrive au stade de l’exécution, et qu’on a le pauvre type qui s’est pris un an…"
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"On est là dans la logique de vider les prisons, dans une logique de gestion de la population carcérale, et la libération sous contrainte en est l’exemple le plus symptomatique et scandaleux." #prison #justice
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"On est en otage, il faut aménager plutôt que d’envoyer en prison parce que le législateur nous dit qu’à ce stade il faut aménager à tout prix, donc on aménage à tout prix. La justice est devenue une assistante sociale, les gens n’ont que des droits, ça devient n’importe quoi."
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"Au stade de l’aménagement et de l’exécution de la peine, on déresponsabilise le condamné parce qu’on insuffle des doses de considération de politiques publiques qui à long terme sont vouées à l’échec." #prison #justice
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"Il y a un véritable hiatus entre la peine prononcée et la peine finalement exécutée. Et les gens ne comprennent pas ce hiatus : un mec prend dix ans et sort au bout de cinq. Mais l’injonction nous est donnée dès le départ." #prison #justice
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"Il y a 20% d’écrous en plus si on ne nous donne pas comme injonction d’éviter l’incarcération, on aurait au moins 20% de gens incarcérés en plus", estime ce procureur #prison #justice
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"… mais le jour où ils auront compris que la prochaine fois c’est la prison, il faut que ce soit la prison, c’est la peine pédagogique pour le gamin de deux ans, sauf qu’aujourd’hui la peine de prison c’est un bracelet électronique à la cheville. Ça ne marche pas." #justice
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"Quand vous êtes sous sursis avec mise l’épreuve, vous voyez votre CPIP une fois tous les 3 mois et on vous dit que vous êtes suivi par la justice, mon œil. On n’a pas mis les moyens. Le bracelet, le temps de le poser, il faut au moins 4 à 6 mois selon les juridictions." #prison
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"C’est le mec qui à 21h pète un câble, n’a pas de clopes, va au bureau de tabac, et ça sonne, c’est l’incident." #bracelet #prison #justice
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"… vous êtes ingénieur, donc vous pouvez payer. Vous, vous êtes pauvre, vous ne pouvez pas payer. Ah bon, alors on va vous mettre 120 jours amende à 2 euros. Ça n’a plus de sens." #prison #justice
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"On en est là, on dit au mec, vous êtes condamné à 6 mois devant le tribunal correctionnel, vous allez devant le JAP qui convertit, c’est 240 heures de TIG sinon vous faites 6 mois, vous ne faites pas vos 240 heures, alors on vous met 6 mois, puis vous pouvez faire du bracelet."
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"Ça aussi c’est extraordinaire. Ça n’est pas rare, c’est tout le temps. Le mec sous bracelet a le droit de sortir de 8h à 18h et puis il envoie un courrier pour demander à aller voir ses parents âgés un weekend, à plusieurs centaines de km : ordonnance et permission de sortie."
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"Au lieu d’un an à la maison d’arrêt, le mec si tout se passe bien fait 4 mois de bracelet à la maison et puis est en libération conditionnelle, c’est beau. Mais sinon ça fait peur. C’est n’importe quoi. C’est une politique d’affichage au tribunal correctionnel" #prison #justice
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"Si vous prenez un an, que vous vous comportez bien et que vous faites tout bien comme il faut, vous pouvez sortir au bout de 3,5 mois en libération conditionnelle. Comment voulez-vous que les mecs vous prennent au sérieux ?" #prison #justice
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"La règle, c’est d’éviter l’incarcération. L’incarcération est la dernière solution possible. Le magistrat est donc toujours en train de se demander ce qu’il peut faire pour éviter l’incarcération, parce que la loi lui dit de le faire." #prison #justice
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En revanche, "il y a bien sûr des magistrats militants qui font de l’idéologie et de la politique mais ils sont marginaux", relève ce procureur. #prison #justice
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"Aujourd’hui, on est dans un nombrilisme dans l’appréciation du sentiment d’insécurité parce que c’est devenu une question politique. Résultat : on a tendance à revenir à une société de la vengeance primaire, individuelle, clanique." #prison #justice
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"Le procureur de la République ne représente pas la victime à l’audience, il représente la société. Le problème, c’est que les gens oublient de plus en plus que dans le contrat social, c’était la société la première victime." #prison #justice
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"Sauf qu’en parallèle toutes les valeurs s’effondrent (la famille, l’école, etc.) dans un individualisme exacerbé, les gens viennent sur des débats autocentrés, donc passionnés." #prison #justice
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"La justice française a connu une américanisation assez hallucinante de ses procédures ces dernières années, on a repassionné la justice, je sais que c’est difficilement audible dans l’opinion." #prison
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"Aujourd’hui, la peine encourue réellement n’est plus un élément dissuasif et préventif. Pour moi, tout est question d’éducation des peuples." #prison #justice
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"La prison est à l’image de la société, c’est tout le mal de la société que l’on peut observer entre quatre murs avec un zoom. Mais ceux qui s’opposent à la prison parce que les conditions de vie y sont indignes prennent le problème à l’envers." #justice
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Alors, quelle réforme pour la justice ? "Comme en tout autre domaine, malheureusement, quand on est sur des missions de services publics régaliens le problème est un problème de financement. La réforme doit être d’abord budgétaire. La meilleure loi est une loi de finances."
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— Amaury Brelet (@AmauryBrelet) September 8, 2022