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Titre: “Des historiens conseillent le président. Le problème ? Les universitaires étaient tous blancs.

Lorsque le président Biden a pris la parole le 1er septembre pour dire à la nation que la démocratie était en danger, ses avertissements ont fait écho aux paroles de nombreuses personnes qui ont prêté attention. Surtout ceux qui étudient le passé.

Moins d’un mois auparavant, le président avait rencontré un groupe d’historiens triés sur le volet qui lui avaient dit que la démocratie vacillait et ne tenait qu’à un fil.

Après que le Washington Post rendit compte de la réunion des historiens, il ne fallu pas longtemps pour que certains s’interrogent, non pas sur le fait que la démocratie soit en péril, mais sur la composition monochrome de ceux qui délivrent ce message.

Il semble que l’administration Biden n’ait invité que des experts blancs pour conseiller le président – quatre historiens et un journaliste : L’historien de Princeton Sean Wilentz, l’historienne de l’université de Virginie Allida Black, les historiens de la présidence Michael Beschloss et Jon Meacham, qui écrit occasionnellement des discours pour Biden, ainsi que la journaliste et rédactrice de l’Atlantic Anne Applebaum.

Mais ce n’est pas seulement le manque de diversité dans ce groupe qui a posé problème, c’est aussi ce à quoi ce manque de diversité semblait mener.

“Ils ont comparé la menace à laquelle l’Amérique est confrontée à l’époque précédant la guerre civile et aux mouvements pro-fascistes avant la Seconde Guerre mondiale”, peut-on lire en sous-titre dans le Post.

Selon Kenneth Mack, professeur de droit et d’histoire à Harvard, ces comparaisons laissent de côté des pans importants de l’histoire des États-Unis qui ont une résonance aujourd’hui.

“Nous n’avons pas vraiment besoin de regarder en dehors des États-Unis, ni de remonter jusqu’à la guerre civile pour penser à des choses comme la suppression des électeurs, la démagogie et les tactiques fascistes”, dit-il.

“Nous avons vu la mort de la démocratie se produire ici même, aux États-Unis”, dit Mack. “Les Afro-Américains en ont fait l’expérience directe”. Il parle surtout du renversement de la Reconstruction, et de tout ce qui a suivi, jusqu’au Mouvement pour les droits civiques.

Jelani Cobb, écrivain du New Yorker et nouveau doyen de l’école de journalisme de Columbia, ajoute : “L’expérience formatrice autour de l’autoritarisme américain a été le traitement des personnes d’origine africaine et des personnes d’origine indigène.”

Selon M. Cobb, la réunion est passée à côté de l’essentiel.

Si vous n’examinez pas comment la démocratie est morte pour les personnes de couleur dans ce pays, vous risquez de ne pas voir comment la liberté s’estompe non pas dans de grands moments grandiloquents, mais dans une lente répression continue.

Et si vous excluez les voix des universitaires et des écrivains qui considèrent l’ordre fasciste et antidémocratique comme un héritage plutôt que comme une aberration, vous risquez de ne pas voir comment la démocratie a déjà été tirée du gouffre.

“En ayant une salle entièrement blanche”, dit Cobb. “Vous reproduisez en quelque sorte le genre de lacunes dans les perspectives que nous avons vécues et qui ont facilité ce problème au départ.”

La Reconstruction était un plan audacieux visant à réparer les blessures de l’esclavage et à faire renaître des cendres de la guerre civile une démocratie multiraciale. Plutôt que d’accepter l’égalité, elle a été violemment renversée par les Blancs du Sud.

“Au tournant du siècle, nous avons tout perdu”, explique Manisha Sinha, professeur à l’université du Connecticut.

“Tout est parti à vau-l’eau à cause d’une Cour suprême très réactionnaire et à cause des lois des États et des autorités locales qui étaient prêtes à subvertir les élections et à ne pas permettre aux gens de voter.”

“Ça vous rappelle quelque chose ?”, demande-t-elle.

Il y avait une montée du terrorisme intérieur suprématiste blanc, des lynchages et le règne du Ku Klux Klan, et ce que Sinha décrit comme un “autoritarisme raciste.”

À bien des égards, dit-elle, “c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui”.

Sinha et Mack notent tous deux que le passé ne peut pas être simplement greffé sur le présent. Mais il est important de comprendre comment le racisme et la suprématie blanche ont toujours été au centre des menaces qui pèsent sur notre démocratie.

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NPR

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