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Figure de la lutte contre l’apartheid, l’évêque Emmanuel Lafont est soupçonné d’avoir obtenu des relations sexuelles auprès d’un demandeur d’asile en échange d’une aide au séjour, en Guyane. Sur place, deux membres du personnel qui auraient découvert ses méthodes l’accusent aussi de harcèlement.

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L’ecclésiastique est soupçonné d’avoir offert hébergement, promesse de papiers et divers cadeaux au migrant de 27 ans, en échange de rapports sexuels.

« IL FALLAIT QUE JE LUI OBÉISSE »

L’élément déclencheur de l’enquête survient le 19 octobre 2020. L’évêque porte alors plainte pour des faits de violence contre son hôte, José, après une altercation entre les deux hommes. Cinq jours plus tard, l’homme d’Église fête ses 75 ans. Comme l’impose la règle canonique, il présente sa démission le jour de son anniversaire. Fait rare, le Pape François l’accepte sur-le-champ.

Interrogé par la police, l’Haïtien livre pourtant une tout autre version. « Une fois installé, il fallait que je lui obéisse. Il se fâchait quand on lui disait non pour une relation sexuelle », confie-t-il au quotidien la Croix dans un article publié le 6 avril 2021, décrivant des fellations qu’il aurait exécutées à la demande de l’évêque devant la télévision. Une version farouchement niée par le militant anti-apartheid dans les colonnes du quotidien catholique : « C’est tout simplement faux. Je n’ai eu aucune relation sexuelle en échange de quoi que ce soit. » Sans le savoir, l’exilé a peut-être ouvert la boîte de Pandore. Trois nouveaux témoignages dont Marianne a eu connaissance viennent noircir un peu plus l’épiscopat d’Emmanuel Lafont.

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« CHANTAGE »

Catherine*, une autre employée du diocèse, livre aussi un témoignage troublant. Dans une audition du 5 mai 2021 auprès de la police judiciaire qu’a pu consulter Marianne, elle se remémore la signature de son contrat de travail en 2012. Une arrivée marquée du sceau du silence : « Sur un ton autoritaire, Emmanuel Lafont m’a précisé : “Tout ce que tu vois et ce que tu entends, tu n’as rien vu ni entendu.” ». Dès son entrée en poste, elle remarque « les nombreux jeunes garçons qui gravitent autour de Monseigneur ». « Je ne me suis pas méfiée avant l’arrivée de Félix*, un jeune majeur d’origine haïtienne, en 2017 ou 2018. Dès le départ, il m’a signifié qu’il était homosexuel et avait fui son pays où il était persécuté. J’ai décidé de le présenter à Mgr Lafont afin qu’il intercède en sa faveur », déclare-t-elle à la police. Selon elle, l’évêque aurait alors proposé à Félix une grande chambre au deuxième étage du bâtiment principal.

Mais quelques semaines plus tard, la situation se serait brutalement dégradée. Catherine se rappelle avoir retrouvé l’Haïtien en larmes. En cause, un chantage : « Félix m’a informé que l’évêque avait exigé qu’il quitte sa chambre pour une beaucoup plus petite. Il m’a expliqué qu’il avait eu plusieurs relations sexuelles avec Mgr Lafont. Comme il ne souhaitait plus poursuivre ces relations, il a été puni, affirme Catherine dans son audition. Monseigneur lui a demandé de payer un loyer de 300 euros pour la petite chambre. Félix a refusé de payer ce montant sachant qu’il s’agissait, selon lui, de la somme qu’il percevait pour les relations sexuelles avec le prélat. »

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Marianne

(Merci à BB)

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