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A Metz (Moselle), le Conservatoire national de la photo vernaculaire, unique en France, abrite les photos de famille dont plus personne ne veut. Sa directrice, Anne Delrez, nous ouvre les portes de ces vies françaises.

Qu’elles soient planquées au grenier, classées en albums ou perdues dans nos smartphones surchargés, nous aimons tomber sur des photos de famille. Mais que nous disent-elles des modèles familiaux, de notre histoire individuelle et collective, ou de la vie politique? «Libé» enquête avec celles et ceux qui les collectionnent et les étudient.

Elle se cache au fond du portefeuille, blottie contre les fesses, écornée et jaunie. Doudou ou talisman, on la sort pour se réconforter. Mais que faire des autres photos de famille qui hantent les albums et les armoires de nos grands-parents ? Pour conjurer leur triste sort – au mieux moisir au grenier, au pire finir à la poubelle – Anne Delrez a eu une idée : les recueillir. C’est là, dans un mouchoir de poche niché dans une rue piétonne de Metz, que cette photographe de métier a monté en 2011 la Conserverie, le Conservatoire national de la photo vernaculaire, unique en France. Depuis, la vie des autres est devenue la sienne.  […]

Libération

La constitution du fonds iconographique répond au départ à la sauvegarde d’images vouées à la destruction, souvenirs déchus, clichés attestant d’une vie, qui ne semblent plus intéresser personne mais qui, pour Anne Delrez, portent en elles notre histoire. « J’ai du mal à me dire que l’on fait fi du regard que des gens ont pris la peine de porter sur quelque chose, de toute cette mémoire collective» précise-t-elle. On ne jette pas les photographies de la mémoire familiale sans éprouver une certaine culpabilité liée sans doute à ce sentiment absurde d’infliger aux fantômes de l’album une seconde mort. Le conservatoire renferme des photographies de toutes époques, tous formats, à l’esthétique particulière. On y trouve des scènes de la vie quotidienne, des paysages, des portraits de studio… Certaines présentent des écrits, d’autres laissent apparaître l’ombre du photographe, sont floues, ratées. Aucune sélection n’est faite dans les ensembles reçus. Chaque image versée au conservatoire est numérisée, archivée, mise en ligne et indexée.  […]

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