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Les “carjackers”, ou voleurs de voiture, sévissent en Iran dans un contexte de crise économique : plusieurs vidéos choquantes prises sur les routes montrent des hommes armés de machettes, de tasers ou d’armes à feu s’en prendre à des automobilistes. La diffusion sur les réseaux sociaux de dizaines de vidéos témoignant de ces agressions et vols a semé un vent de panique en Iran. Au point que certains internautes se sont mis à diffuser des conseils… pour éviter les vols de voiture. La correspondante du site les Observateurs a été victime d’une tentative de vol de son véhicule.

“Keft giri”, c’est le mot en persan que les Iraniens utilisent pour désigner les vols aggravés, comme les agressions. Mais il sert désormais aussi à décrire un autre phénomène, celui des vols ultra-violents de voitures sur les routes iraniennes. Sur les réseaux sociaux, une recherche à partir de ce terme fait apparaître des centaines de vidéos, filmées un peu partout dans le pays.

Les méthodes des malfrats sont variables. Certains tendent une embuscade à leurs victimes et saisissent leur véhicule et leurs objets de valeur par la force. D’autres se font passer pour des piétons et organisent de faux accidents, obligeant le conducteur à s’arrêter. Ces vols se déroulent parfois en plein jour, dans des rues fréquentées. […]

Je rentrais du travail en voiture. J’ai pris la même sortie que d’habitude [sur une autoroute au nord de Téhéran, NDLR].

J’ai ralenti pour tourner à droite, puis j’ai vu un homme habillé tout en noir marcher le long de la rembarde de sécurité. Au début, j’ai cru qu’il était perdu. Puis il s’est mis à courir dans ma direction, m’a bloqué le chemin et a brisé mon rétroviseur. J’étais choquée pendant un instant… Puis, je me suis rappelée qu’un de mes amis m’avait dit qu’il lui était arrivé exactement la même chose quelques semaines plus tôt, sur une autre autoroute. C’était un “carjacking”.

Je ne me suis pas arrêtée de conduire. Quand j’ai atteint la route principale, j’ai vu qu’une voiture blanche me suivait, et que l’homme en noir conduisait cette voiture. 

Il y avait trois autres hommes dans le véhicule. Ils criaient : “Arrête-toi ! Arrête-toi ! Tu as renversé ce pauvre homme !”

Encore aujourd’hui, quand je pense à leurs visages, ça me terrifie. J’ai refusé de m’arrêter et ils se sont mis à brandir des machettes. Je tremblais et je criais pour demander de l’aide, mais personne n’est intervenu. Par je ne sais quel miracle, je me suis souvenue qu’il y avait un poste de police à proximité. Je m’y suis donc précipitée, j’ai arrêté la voiture juste devant et j’ai littéralement sauté dans les bras d’un policier.

Je pensais que c’était terminé, mais ces hommes se sont révélés plus agressifs que je ne le pensais. Ils se sont arrêtés en voiture devant le policier et l’un d’eux m’a dit : “On finira par t’attraper”. Il a fait un geste avec sa machette pour mimer qu’ils m’égorgeraient. Puis, celui qui conduisait a appuyé sur l’accélérateur et ils sont partis. 

J’étais en état de choc. La police m’a emmenée à l’intérieur du poste pour me donner de l’eau. Le policier m’a dit que j’avais bien fait de ne pas m’arrêter. Il a également dit qu’ils volaient ainsi des dizaines de personnes chaque jour. […]

Les Observateurs

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