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Après l’énergie, l’inflation touche l’alimentation. De quoi sérieusement plomber le budget des ménages les plus pauvres, pour qui le transport et les courses sont des postes de dépense importants. Des pâtes, des sardines, de l’huile de tournesol, des biscuits… L’antenne roubaisienne de l’association en distribue plus de 150 identiques chaque jour. Avec plus de 8 000 familles bénéficiaires (environ 23 000 personnes), un quart des Roubaisiens dépendent aujourd’hui du Secours populaire. Avec 44 % de ses habitants vivant sous le seuil de pauvreté, Roubaix est souvent identifiée comme la ville la plus pauvre de France.

Lundi 23 mai, il pleut des cordes sur les emblématiques bâtisses en brique de Roubaix (Nord). Achidine, 57 ans, s’est donc exceptionnellement rendu en voiture à la distribution alimentaire du Secours populaire. « Depuis ce qui se passe en Ukraine, le prix du gasoil a explosé. J’essaie d’optimiser mes déplacements et privilégie le bus ou la marche » , raconte ce père de famille qui enchaîne tant bien que mal les missions intérim chez plusieurs géants du textile implantés dans les environs. « Tout le monde, ici, dit que c’est la faute de Macron… Moi j’en sais pas grand-chose », s’excuse-t-il presque, en déposant dans son coffre les deux colis hebdomadaires auxquels a droit sa famille.  […]

Mais pas du genre à avoir les deux pieds dans le même sabot, Michèle ne se plaint pas. Atteinte d’un cancer à 33 ans et seule à élever ses enfants, elle a toujours rigoureusement fait en sorte de ne dépendre que d’elle-même. Pas de crédit (« avec un cancer, j’y aurais eu de toute façon difficilement accès », dit-elle), des courses toujours réalisées avec une liste « pour éviter les oublis et les achats superflus », pas de douches trop longues pour elle et ses enfants, mais une scolarisation privée pour ces derniers et des petits plaisirs qu’elle leur accorde de temps en temps. […]

L’association livre également à domicile deux fois par mois des paniers repas aux personnes âgées isolées qui n’ont pas les moyens de se déplacer. Gilbert et Thérèse, 72 et 68 ans, en font partie. Le couple, originaire de la République du Congo, vit depuis cinq ans à Roubaix, au rez-de-chaussée d’une résidence adaptée aux personnes à mobilité réduite. L’appartement est petit mais coquet. La bibliothèque joliment fournie et le cadre qui immortalise le couple lors de la soutenance de thèse de Gilbert, ancien professeur de français au Congo puis en Corée du Sud, évoquent les périodes plus fastes traversées par le couple. C’est lui qui s’exprime le plus et elle qui tient les cordons de la bourse. Leur facture de chauffage et d’électricité a bondi ces deux derniers mois : « Ils nous ont demandé 105 € au lieu des 85 € que nous payions jusque-là » , relate Gilbert.

Le couple, qui vit aujourd’hui avec le minimum vieillesse, 1 423 € à eux deux (aucun des deux n’ayant cotisé en France), a pu heureusement compter sur les deux chèques énergie versés par le gouvernement. « C’est toujours ça de pris. Nous les avons directement envoyés au fournisseur. La prochaine fois, ce sera toutefois bien à nous de payer », anticipe-t-il déjà. […]

La Vie

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