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À nouveau, un roman dont la qualité et la popularité ne sont pourtant plus à prouver est victime de la censure « woke » : « Le nègre du Narcisse » de Joseph Conrad, publié en 1897, est rebaptisé « Les enfants de la mer » pour sa sortie en poche chez Autrement.

Quand un mélange de bien-pensance opportuniste et de cupidité hypocrite (puisque l’ancien titre, si « problématique », figure toujours à côté du nouveau sur la couverture du livre) a poussé les héritiers d’Agatha Christie à rebaptiser le célèbre Dix petits nègres en Ils étaient dix, on pouvait se demander : et ensuite ? Qui sera le prochain ? Et bien, ça y est, on a la réponse : les éditions Autrement – qui ont par ailleurs fait un remarquable travail de réédition de l’œuvre immense du polonais anglophone Joseph Conrad – ont décidé de transformer le titre du célèbre Nègre du narcisse en un insipide Les enfants de la mer. C’est certes le titre de la version américaine du livre, mais qui pourrait aussi être celui de 98 % des romans se passant sur un bateau, de Hornblower à O’Brian.


Dans le texte aussi, la main du correcteur a frappé : quand il n’est pas dans les dialogues, le mot « nigger » a été remplacé dans la traduction française par « noir ». À l’heure où le discours dominant sur l’art de la traduction met en avant la nécessité de coller au plus près au texte original, on a dans ce cas choisi l’inverse. À moins de supposer que Conrad – dont le roman, faut-il le préciser, n’a absolument rien de raciste – choisissait ses mots au petit bonheur la chance ?

(…) Marianne

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