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« Venez voir comment ça se passe à Ponta ! » Excédé, l’habitant d’une tour de Pontanézen, à Brest, raconte son quotidien et la réalité du point de deal. Vue plongeante sur un quartier populaire sous pressions.

(…) « Je ne veux pas qu’on me repère avec un journaliste ». Il est 13 h. Calme plat. « C’est l’heure où le point de deal se met en route. On va aller chez moi, il faudra être prudent, prévient notre ouvreur. Je marcherai trente mètres devant, vous me suivrez. Gardez votre casque de vélo à la main, cela vous donnera une allure de sportif ou livreur ».

(…) L’habitant ouvre sa porte et la referme à double tour. « Regardez cette vue splendide sur le quartier ! », ironise-t-il, la fenêtre grande ouverte. « D’ici, je ne manque rien du spectacle. Les mouvements de véhicules, les embrouilles, les rodéos, les clients qui passent à pied, en voiture, en trottinette électrique. Le principal point de deal se concentre non loin des rails du tram. La ligne a été interrompue depuis le guet-apens de samedi soir. Moins bien pour les affaires… »

« Regardez le terrain de basket », embraye la vigie de « Ponta ». « La municipalité a cru bien faire mais c’est devenu le principal point de recrutement des plus jeunes ». Derrière la voiture, dans le coin, des yeux ont repéré notre ballet de gens trop curieux. « Il ne faut pas traîner, ils ne savent pas qui vous êtes » enjoint le guide d’un coup plus fébrile.

Le quartier est à ce point sous pression ? « Moi, cela fait dix ans que je la ressens ici. Le matin de mon arrivée, j’avais trouvé le quartier plutôt pas mal. C’est toujours calme entre 8 h 30 et 10 h. Quelques heures plus tard, je vivais mon premier feu de voiture », se souvient notre trentenaire. Pas tendre quant à l’action de la municipalité. Plus clément vis-à-vis du préfet Philippe Mahé qui a annoncé des moyens de police supplémentaires.

(…) Pourquoi rester dans ce quartier ? « J’économise pour partir. Tout est compliqué quand t’habites “Ponta”. Pour tes démarches, tu as beau dire « Quartier de l’Europe » mais cela ne fait pas illusion très longtemps. Ici, je me sens comme un prisonnier qui n’a commis aucun délit. Mon crime, c’est de ne pas être assez riche pour quitter cet endroit ».

(…) Le Télégramme

Merci à JP

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