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Bristol (GB) : les manifestants remplacent la statue du bienfaiteur de la ville qui fut aussi négrier (Màj : relaxés)

06/01/2022

Ils avaient déboulonné une statue à Bristol, en juin 2020, lors d’une manifestation en soutien au mouvement Black Lives Matter. La sculpture représentait Edward Colston, homme d’affaire de la ville au XVIIè siècle et impliqué dans la traite négrière. Les 4 manifestants étaient accusés de vandalisme, le tribunal les a innocentés. 

Larmes aux yeux et sourires jusqu’aux oreilles, les « 4 de Bristol » ne s’attendaient pas à ce verdict. « Si j’ai appris une chose, c’est le fait de pouvoir faire nos propres choix, que chacun a la capacité de choisir comment l’espace est aménagé, qui on célèbre. S’il faut retenir une chose, c’est qu’Edward Colston ne représente pas Bristol ! », commente Rhian Graham, à la sortie du tribunal. 

Parmi les soutiens des quatre trentenaires : de nombreux habitants, l’ancienne maire de la ville et l’artiste bristolien Banksy, qui a dessiné un tee-shirt pour financer les frais judiciaires. L’avocat de deux des accusés, Raj Chada, salue sur la BBC la décision du jury : « Les habitants ont fait preuve de bon sens. Ce qui était criminel, c’était la statue, sa présence en elle-même. Une personne qui a réduit en esclavage des milliers de personnes était vénérée, il y avait seulement une plaque le présentant comme un noble et l’un des fils les plus éclairés de Bristol. »

Pour Sage Willoughby, qui a fourni la corde ayant servi à déboulonner Edward Colston, il s’agit d’une victoire pour l’Histoire : « Nous n’avons pas changé l’Histoire, nous l’avons rectifiée. Ils dissimulaient l’Histoire ! C’est une victoire pour l’égalité raciale et une victoire pour tous ceux qui veulent être du bon côté de l’Histoire ».

RFI

16/7/2020

La statue d’une manifestante de Black Lives Matter a été démontée après avoir été secrètement posée pour remplacer le monument du marchand d’esclaves Edward Colston à Bristol.
[…]

Sky News


15/7/2020

Sur le socle laissé vide par le déboulonnage de la statue d’Edward Colston, esclavagiste anglais du 17e siècle (NDR : et bienfaiteur de la ville), a été installée la sculpture d’une femme noire levant le poing. L’oeuvre, hissée à l’aube sans autorisation de la Ville, est signée Marc Quinn.

LCI

 
 
 
 
 
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Today, Bristol resident Jen Reid and I have unveiled a new temporary, public installation, ‘A Surge of Power (Jen Reid) 2020’, on top of Edward Colston’s empty plinth in Bristol, England. This life-sized sculpture is based on an image I saw on Instagram of local resident Jen Reid standing on the vacant plinth with her fist raised in a Black Power salute, a spontaneous moment following a Black Lives Matter protest in June 2020. During the protest, a statue of 17th century slave trader Edward Colston was toppled from this spot. Cast in black resin, this new sculpture ‘A Surge of Power (Jen Reid) 2020’ takes its place – no formal consent has been sought for the installation. Read the full statement – link in bio. #blacklivesmatter #marcquinnart #5thplinth

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“Aujourd’hui, la résidente de Bristol Jen Reid et moi-même, dévoilons une nouvelle installation publique temporaire”, a écrit l’artiste ce mercredi matin, en légende de la photo de son oeuvre. “Cette sculpture grandeur nature est basée sur une image que j’ai vue sur Instagram de Jen Reid, debout sur le socle vacant avec son poing levé dans un salut Black Power”, explique-t-il. “Un moment spontané après une manifestation Black Lives Matter en juin 2020”, continue Marc Quinn en faisant référence aux rassemblements ayant eu lieu dans le monde entier suite à la mort de George Floyd.

7/6/2020

https://twitter.com/bbcrb/status/1269633662787694592

Edward Colston (1636-1721) est un négrier, négociant et philanthrope anglais du XVIIe siècle associé à l’histoire de Bristol, sa ville natale.

Issu d’une famille marchande prospère, Colston s’enrichit particulièrement grâce au commerce triangulaire dans les années 1680. Il se consacre ensuite jusqu’à sa mort à développer Bristol par le mécénat et la charité, ce qui lui vaut d’être élu député tory de 1710 à 1713. Après sa mort, il est durablement célébré comme un bienfaiteur de la cité portuaire. Depuis la fin des années 1990, cette mise en avant de Colston est cependant remise en question dans le cadre des débats mémoriels liés à l’esclavage.

Au cours des années 1690 et 1700, Edward Colston finance à Bristol l’amélioration des écoles et asiles de la ville, tout en faisant des dons réguliers aux églises de la ville. Il aide également la région du Surrey où il réside et plusieurs associations caritatives londonienne, l’ensemble de ses dons étant généralement conditionnés à l’observation dévotes des rites anglicans, qu’il soutient en finançant des prêches et sermons1. Son soutien à la Haute Église irrite les membres majoritairement whigs du gouvernement local qui refusent en 1705 sa proposition de dons pour agrandir le principal orphelinat de garçons local, Queen Elizabeth’s Hospital (en)1. En 1709, Colston dote une école fondée par Arthur Bedford, le vicaire de Temple Church, laquelle prend pour nom Colston’s Free School (en).

Ses bonnes œuvres et sa réputation dans la ville faisaient de Colston le choix logique comme candidat tory aux élections de novembre 1710, quelques mois après l’ouverture de Colston’s Hospital (en) (renommé ensuite Colston’s School), un internat privé administré par la conservatrice Merchant Venturers’ Society1. Arguant de son âge trop avancé, il refuse de se présenter officiellement, mais est néanmoins élu et se rend à Bristol le 2 novembre pour participer à un dîner célébrant sa victoire, dîner renouvelé les quatre années suivantes1. Peu actif aux Communes en raison d’ennuis de santé, Colston y présente néanmoins quelques pétitions pour défendre les intérêts de Bristol, et il ne se représente pas en 1713.

Edward Colston meurt en sa demeure de Mortlake le 11 octobre 1721 et est inhumé après des funérailles grandioses à l’église de Tous-les-Saints de Bristol (en). Il lègue sa fortune à sa nièce Mary Edwards ainsi qu’à de nombreuses œuvres de bienfaisance, en particulier la Queen Anne’s Bounty (en).

Après sa mort, Colston occupe une place de choix dans le panthéon local comme bienfaiteur de la ville. Plusieurs entités dont la Society of Merchant Venturers le célèbrent chaque 13 novembre. Outre les deux écoles ouvertes en 1709 et 1710, son nom est attribué à une rue, une avenue, un petit pain (le Colston bun ), puis en 1867 une salle de spectacle (Colston Hall (en)) édifiée sur l’ancien terrain de Colston’s School, qui avait quitté le centre de Bristol pour le quartier alors rural de Stapelton.

En 1891, le fonds de dotation de Colston finance Colston’s Girls’ School (en), une école privée pour filles. Quatre ans plus tard, une statue en pied conçue par l’artiste irlandais John Cassidy (en) est érigée sur la place centrale de Bristol (en) pour rappeler les œuvres charitables de Colston. Une école élémentaire pour garçons porte également son nom. En 1969, l’Église anglicane fusionne l’école Colston de Temple avec l’école Redcliffe de Sainte-Marie pour former St Mary Redcliffe and Temple school (en) ; l’une des maisons de la nouvelle école conserve le nom « Colston House ». Colston Tower (en), une tour de bureaux, est inaugurée en 1973.

La figure de Colston apparaît donc omniprésente dans la toponymie locale.

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