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L’islamologue franco-algérien Ghaleb Bencheikh, « l’une des voix les plus modérées et les plus écoutées de l’islam de France », évoque la montée du discours extrémiste anti-musulmans et anti-immigrés à l’approche de l’élection présidentielle française, le triomphe des idées de l’extrême-droite, le cas Éric Zemmour, l’échec du modèle d’intégration français… sur le site « Tout sur l’Algérie ».

Les débats de la précampagne pour la présidentielle en France sont dominés par les questions liées à l’islam, l’immigration, l’identité… Pourquoi ?

En effet, nous sommes à l’approche d’une élection majeure en France, et le scrutin présidentiel marque un temps fort dans la vie politique française. C’est une occasion pour les citoyens de débattre sur des thèmes engageant leur avenir et choisir leur programme politique pour le prochain quinquennat.

 […] En France, tous les jours que Dieu fait, le mot islam est proféré avec un synonyme d’épouvante, de terreur, de menace et de médiocrité. Le fait islamique est obsédant et hystérisant. Il est explosif, inflammable dans les débats déchaînés et saturés. Et, nous ne pouvons accepter que la haine devienne un programme politique ni admettre que le fait de brocarder, vilipender, stigmatiser et insulter une composante de la nation puisse devenir une plateforme électorale.  […]

Il [Zemmour] est le produit d’une « fabrique quasi industrielle » qui, pendant des années maintenant, n’a pas cessé de débiter ses obsessions sur l’islam et sur le caractère inassimilable des musulmans. Auquel cas, il ne leur reste plus que la « re-migration » vers je ne sais quelle contrée, alors qu’à l’instar de tous les Français, ils ont été touchés dans leur cœur et dans leur chair par le terrorisme djihadiste abject. […]

Le modèle républicain n’a pas fonctionné, mais est-il pour autant non viable ? je crois que si, il est viable pour peu qu’il y ait une volonté politique et une sensibilisation de tous les citoyens en agissant sur les mentalités.

La communauté nationale au sein de la République est, sous la voûte commune de la laïcité, une association politique auto-fondatrice de sa propre légitimité. C’est la citoyenneté engagée et partagée qui la consacre en intériorisant l’obéissance à la loi commune.

Tout en tenant compte de la psyché collective, de la culture et de l’histoire, elle exclut une quelconque hiérarchisation entre « Français de souche » dont on ne sait jamais délimiter les contours ni préciser les origines et les éternels « issus de… » la diversité, l’immigration, les quartiers difficiles, les zones sensibles, les territoires prioritaires, etc. ; il est temps de sortir de la logique funeste des « nous » et des « eux » qui ne sont pas chez « eux » chez « nous » ! […]

Il y va de la paix civile et de la concorde nationale. Nous n’accepterons jamais la mise à l’index des citoyens musulmans qui, ethnicisés par la leur confession, sont décrétés étrangers dans leur propre pays.

Avec cela, notre conviction est grande qu’il peut y avoir un sursaut salutaire dans l’opinion française, parce qu’il y a toujours eu cette dialectique entre les deux France : la royaliste et la républicaine, la révolutionnaire et la réactionnaire, l’antidreyfusarde et la dreyfusarde, la résistante et la collaborationniste.

Bref, il y a la France éternelle, grande et généreuse, celle des droits de l’Homme qui vient du fond des âges – pour prendre un accent gaullien – et une France rabougrie qui se drape derrière le masque hideux du colonialisme, du racisme et des idées rétrogrades anti-humanistes et attentatoires à la dignité humaine. La seconde finit toujours par céder le pas devant la première. […]

TSA

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