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« Sale métisse », « Comment tu peux être musulmane et homo ? Tu ne respectes pas la religion » : le calvaire de Dinah, morte à 14 ans, victime de harcèlement scolaire (MàJ : Plainte déposée contre X)

26/11/2021

Les parents et le frère de Dinah, jeune alsacienne de 14 ans qui s’est suicidée en octobre après avoir été victime de harcèlement, notamment scolaire, ont déposé une plainte contre X jeudi 25 novembre, comme ils l’avaient annoncé, a appris franceinfo auprès d’une source proche du dossier. La plainte, adressée à la procureure de la République de Mulhouse, contient cinq chefs d’infraction : “harcèlement moral” et “complicité de harcèlement moral”, “provocation au suicide”, “omission de porter secours” ainsi que “homicide involontaire”.

Selon les informations de franceinfo, les parents de l’adolescente dénoncent l’attitude beaucoup trop passive du collège dans lequel leur fille était scolarisée en quatrième et troisième, notamment après la tentative de suicide de Dinah en mars 2021. “La famille n’a même pas eu un appel ou la moindre lettre de la direction”, s’insurge maître Laure Boutron-Marmion, avocate des parents et du frère de Dinah. C’est pendant sa scolarisation dans cet établissement qu’elle a été victime de harcèlement scolaire, lesbophobe et raciste. La plainte, que franceinfo a pu consulter, stipule que “les membres du collège Émile-Zola ont commis plusieurs négligences fautives ayant conduit au suicide de Dinah” car il “connaissaient la situation dramatique” dans laquelle elle se trouvait mais n’ont pas mis en œuvre tout ce qui était possible pour faire cesser le harcèlement.

Ce n’est pas que je ne veux pas aller à l’école, je sais que je devrais tôt ou tard y aller. (…) C’est dur de perdre des amis du jour au lendemain sans raison. (…) J’ai envie de ne voir absolument personne, m’allonger quelque part et ne plus me lever. J’ai envie de parler à personne, de me taire et d’affronter le triste et monotone silence.

Dinah, adolescente de 14 ans, dans un sms envoyé à sa mère

Par exemple, malgré la demande des parents, les harceleurs n’ont jamais été convoqués par l’établissement. Une “passivité” qui “a clairement permis aux harceleurs de continuer en toute impunité leurs agissements à l’encontre de Dinah”, stipule la plainte. Interrogée à ce sujet, maître Laure Boutron-Marmion dit avoir été “particulièrement interloquée et choquée de l’attitude” des membres et de la direction du collège. “En deux ans, un seul rendez-vous a été obtenu par la famille, et encore, à force de persuasion”, s’indigne-t-elle. Selon elle, il a finalement été dit au père de Dinah “qu’il s’agissait de chamailleries entre copines. La direction ne s’était même pas présentée à ce rendez-vous”, explique-t-elle. Elle affirme que les parents de l’adolescente “ne savaient même pas si le directeur du collège était une femme ou un homme”.

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FranceInfo


18/11/2021


15/11/2021

Près de Mulhouse, le suicide de la lycéenne remet en lumière l’ampleur prise par le phénomène du harcèlement, à l’école et sur les réseaux sociaux. Les parents, les professeurs et le ministère de l’Education nationale sont désemparés.

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« On a eu une éducation extraordinaire, raconte Rayan. Beaucoup d’amour, beaucoup de tolérance, beaucoup de culture aussi. Ma mère n’a pas eu la chance de faire des études, mais elle nous a tous tirés vers le haut. » Au collège, c’est une autre affaire. Un soir de mars 2021, Dinah dévalise l’armoire à pharmacie, et s’évanouit. Première tentative de suicide. Hospitalisation. A son retour, c’est pire. Le collège a beau faire intervenir une équipe de sensibilisation au harcèlement, rien n’y fait, au contraire.

« C’est allé crescendo », dit Samira. Dinah reçoit des lettres de menace. « Ne t’inquiète pas tu vas bientôt mourir. » Le soutien de l’institution est loin d’être total. « Vers la fin de sa scolarité, le collège appelle même pour nous dire que ma sœur exagérait peut-être ses réactions. On l’accuse d’avoir voulu se faire remarquer, de faire du cinéma… Même le collège, les personnes qui y travaillent, n’était pas de son côté. Elle était seule contre tous, et ça à chaque fois qu’elle franchissait le seuil de l’établissement », dénonce Rayan.

La cantine, où elle se retrouve seule, est une torture. « Elle étouffait », dit sa mère. Convaincue que le monde entier se moque d’elle, jusqu’au personnel de la vie scolaire, elle s’enferme régulièrement dans les toilettes et appelle sa mère en pleurant. Les insultes homophobes se conjuguent avec les injures racistes : « Sale lesbienne », « Sale métisse », « Comment tu peux être musulmane et homo ? Tu ne respectes pas la religion ». Elle arrive en sport avec une brassière un peu courte ? « Sale pute. » Quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise, elle a tort. Elle devient la pestiférée, celle avec qui il ne faut surtout pas être vue.

« Des copines venaient parfois lui parler à la maison, par-dessus la barrière. Dinah était la première à leur dire : “Il ne faut pas qu’on nous voie ensemble. Ils vont vous pourrir la vie.” » Samira redouble d’inquiétude. Elle envisage l’école à la maison avec le Cned (Centre national d’Enseignement à Distance). Dinah refuse. « Elle voulait sortir, voir des gens, refusait d’être une victime. »

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L’Obs


24/11/2021

Dinah, âgée de 14 ans, s’est donnée la mort dans la nuit du 4 au 5 octobre 2021. La jeune fille était harcelée par des élèves de son collège. Une marche blanche a été organisée ce dimanche 24 octobre à Mulhouse (Haut-Rhin).

« Dinah était magnifique. Elle rayonnait », dit sa mère, la gorge nouée, à propos de sa fille de 14 ans et demi, qui s’est suicidée, début octobre, au domicile familial à Kingersheim. « Elle se faisait harceler depuis la 4e au collège Emile-Zola de Kingersheim », poursuit-elle. Une situation qui l’aurait poussée, selon sa famille, à ce geste ultime. « Dinah avait un groupe de copines. Elles faisaient plein d’activités ensemble, dormaient l’une chez l’autre. Mais, dès le moment où Dinah leur a dit qu’elle était attirée par les filles et tout particulièrement une fille du groupe, leur comportement a changé. Elle a eu des courriers insultants. Dinah avait une sensibilité à fleur de peau. Elle a très mal vécu ce changement de comportement », explique sa maman.

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Après les vacances d’été, elle a repris sa scolarité au lycée Lambert à Mulhouse. « Deux jours après la rentrée, ma fille, paniquée, m’a appelée. Elle venait de recroiser trois des filles du groupe à la cantine, commune à plusieurs lycées. J’ai appris bien plus tard qu’elle n’allait plus manger du coup à cette cantine, qu’elle restait dehors. » Le 5 octobre, sa mère la retrouve pendue dans sa chambre. Aujourd’hui, la famille veut porter plainte contre X et contre le collège.

L’Aslace

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