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Retour au début des années 2010. Placardisé au Figaro Magazine par le patron d’alors, Etienne Mougeotte, Eric Zemmour a tout le temps d’écrire les essais qui feront son succès. Au même moment, c’est toute une droite radicale qui se met en branle. Cette droite «des valeurs» ne se retrouve ni chez Les Républicains ni chez Marine Le Pen. C’est la fameuse «droite hors les murs», chère à Patrick Buisson. Le bouillonnement catho tradi et identitaire de la Manif pour tous lui offre un renouvellement idéologique en 2013. Buisson pousse ses jeunes représentants à surinvestir les médias. Sur une idée de Brézet et Buisson, la plateforme de débats FigaroVox se lance, avec Vincent Trémolet de Villers à sa tête. S’y révéleront entre autres les signatures du souverainiste Alexandre Devecchio ou d’Eugénie Bastié, qui se revendique de l’écologie intégrale. Ailleurs, le vieillissant Valeurs actuelles est investi par une nouvelle génération, le Causeur d’Elisabeth Lévy est distribué en kiosques, le site Boulevard Voltaire se crée. Une myriade de publications réactionnaires s’agite pour faire vivre les idées de cette droite qui vient percuter frontalement le paysage médiatique.

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Au Figaro, cette droite-là est minoritaire en nombre. Mais pas en influence. Alexandre Devecchio, Eugénie Bastié, Judith Waintraub, Ivan Rioufol… Ses figures omniprésentes sur les plateaux télé ne sont pas représentatives d’une rédaction plus modérée et qui ne pense pas le journalisme comme une bataille idéologique. On retrouve surtout cette droite-là du côté de FigaroVox, tapageuse émanation en ligne des pages débats et opinions.

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«Les derniers recrutements m’y semblent assez droitiers, raconte un journaliste. On y retrouve des “redede” à particule ou des petits cathos bien comme il faut. Il n’y a pas une diversité folle.» LeFigaro.fr a en effet vu arriver récemment une dizaine de jeunes recrues, dans la foulée d’un plan de départs d’une soixantaine de journalistes au début de l’année. Le traitement de l’actualité s’en serait retrouvé «voxisé», selon plusieurs salariés. Jusqu’à constituer un facteur dans le départ récent de plusieurs journalistes. «Quand on a vu débarquer cette bande-là, on a tout de suite eu l’impression qu’ils étaient chez eux», dit un membre de la rédaction. «Ils sont en train d’appliquer au Figaro la théorie du grand remplacement», s’amuse un autre. «Des histoires de générations dans la presse, il y en a toujours eu, minore Alexis Brézet. De tout temps, les anciens ont reproché aux jeunes d’être trop ceci ou trop cela.»

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Son camarade Louis Lecomte est, lui, ancien rédacteur en chef adjoint au magazine l’Incorrect, dirigé par des proches de Marion Maréchal. Au média en ligne Fild l’an dernier, ce dernier récitait un catéchisme de gramsciste de droite : «L’union des droites nous paraît une évidence, pour une raison très simple, c’est que malgré des différences minimes entre ses différents courants, ces chapelles de droite sont en fait d’accord sur le fond.» Les productions de cette petite bande provoquent des frictions au sein du Figaro : «Ils écrivent la sentence avant les faits, dit un collègue excédé. On récupère des copies indigentes d’un point de vue journalistique. Autour d’un simple fait divers récupéré dans la presse régionale, ils nous font des tribunes Vox de 12 000 signes sur les politiques d’immigration en France

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Libération

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