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Depuis quelques semaines, les routes de Podlachie et de la région frontalière de la Biélorussie en Pologne sont sillonnées par des véhicules chargés de soldats, de camions toutes sirènes hurlantes, les contrôles se multiplient, les véhicules sont arrêtés et fouillés. Varsovie a décrété “zone sous état d’urgence” une large bande de trois kilomètres qui court tout le long de sa frontière de quelque 400 kilomètres avec la Biélorussie. Impossible d’y accéder. Seuls les militaires, policiers, garde frontières, dépêchés par milliers de tout le pays ont le droit d’y entrer. Et bien sûr les quelque 15.000 habitants des 180 bourgades englobées dans la zone et qui vivent malgré eux au rythme des tensions entre Minsk et Varsovie.

C’est donc dans la forêt mais en dehors de la zone interdite que nous retrouvons Joanna Łapińska. Elle habite tout près de la Biélorussie dans le village de Białowieża où l’on vit, dit-elle, “comme sous occupation”.

“Nous vivons dans une zone fermée, nous devons montrer nos papiers dès que nous entrons ou sortons du village. La police fouille nos véhicules pour vérifier que l’on ne transporte pas de réfugiés. Le village regorge de militaires, de gardes frontières, de policiers, nous avons ces véhicules lourds qui passent dans un sens puis l’autre et toujours le bruit des hélicoptères, des drones qui cherchent les réfugiés dans la forêt, dans les champs près de la rivière à Białowieża et la nuit les lumières bleues des véhicules de police par centaines, c’est comme une zone de guerre… Et si vous voulez aider les réfugiés vous vous sentez comme un résistant, un partisan qui essaye d’éviter la police dans les bois“, raconte-t-elle.

C’est dans cette épaisse forêt que se retrouvent perdus durant parfois des semaines les réfugiés qui ont réussi à franchir la frontière de barbelés et à échapper aux gardes polonais. Mais l’accès reste interdit aussi aux organisations humanitaires. Comme Joanna, certains habitants de la zone rouge se sont donc organisés pour venir en aide aux réfugiés. Ils ont appris les gestes de premier secours, quelques mots d’arabe et de kurde aussi, et mettent une lumière verte à leur fenêtre pour désigner les maisons accueillantes aux réfugiés. (…)

Une lumière verte à la fenêtre pour dire aux réfugiés que cette maison les accueillera et aidera

France Inter, le 7 9

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